Voyages d'étude et visites

Allemagne

C&M 2 2007-2008

Du 25-02-2008 au 27-02-2008

Extrait du BM n°5 de février 2008

Une délégation de l’Académie de marine conduite par son président, l’amiral Jacques Lanxade, s’est rendue les 26 et 27 février en Allemagne du nord où des contacts ont été pris et des échanges de vues poursuivis d’une part avec les dirigeants de la construction navale à Hambourg et à Kiel et d’autre part au siège du Tribunal international du Droit de la mer (TIDM) à Hambourg. Les informations publiées ci-dessous sur ce voyage sont extraites des notes prises par Mme Véronique de Longevialle, secrétaire général, qui accompagnait la délégation.
Dans la matinée du mardi 26, le groupe de l’Académie de marine a été reçu à Hambourg par le Dr Christian Eckel, l’un des deux adjoints (Surface Ships Division) du directeur général de ThyssenKrupp Marine Systems AG (TKMS), le Dr Hans Christoph Alzpodin . Des informations générales présentées, on retiendra que TKMS, premier fournisseur européen pour les navires militaires de surface et les sous-marins classiques, produit aussi des navires civils et notamment des paquebots et des yachts de luxe. Avec un chiffre d’affaires de quelque 2,5 milliards d’euros, les chantiers de TKMS emploient près de 9000 personnes. Le suivi technique de ses productions est assuré par un service spécialisé (Life Cycle Support Service) et des équipes dénommées « Flying Teams » assurent une assistance technique rapide là où il est nécessaire d’intervenir. Les collaborateurs, ingénieurs, architectes navals et techniciens, travaillent aussi bien dans le monde entier qu’en Allemagne et TKMS réunit un ensemble de compétences et d’activités avec des noms aussi connus que Howaldtswerke-Deutsche Werft (HDW) et Blohm et Voss en Allemagne ou Kockums en Suède et encore Hellenic Shipyards en Grèce. Le marché de la construction navale militaire est devenu extrêmement compétitif et la pression de l’Asie s’y fait sentir comme sur le marché des navires de commerce. La maîtrise des coûts, le maintien d’alliances solides avec les entreprises et le choix des sous-traitants sont des impératifs absolus. Parmi les produits de TKMS, on citera la frégate de la classe Visby, les sous-marin du type U-214, la frégate F-125, des vedettes rapides, des unités amphibies du type MHD-150 etc.
Un développement particulier a été consacré dans la présentation à la frégate F-125 dont le coût est élevé mais dont il est prévu de construire 4 exemplaires. Cette unité a été définie en fonction de l’évolution du concept même de défense vers les missions humanitaires, les expéditions de maintien de la paix ou la surveillance des côtes. On souligne à Hambourg cette particularité de la frégate allemande. Avec son système de propulsion CODLAG (Combined Diesel-Electric and Gas Turbine), la frégate F-125 dispose d’une grande puissance de feu, d’une importante autonomie et d’une furtivité très poussée.
Dans la matinée du même jour, la délégation s’est rendue à Kiel pour une visite du chantier HDW où elle a été accueillie par le Dr Walter Klausmann ( member of the Board Management) et M. Karsten Moeller (Senior Manager of the Submarine production) qui a fait visiter une partie de la base sous-marine. Le chantier HDW de Kiel est en effet le premier constructeur mondial de sous-marins classiques dont la production a été autorisée par le gouvernement depuis 1959 cependant que Kiel est la plus grande base militaire d’Allemagne. La ville est aussi la capitale mondiale de la voile en même temps qu’une véritable pépinière d’entreprises et d’initiatives technologiques. Le chantier HDW emploie 2000 personnes dont 1200 ingénieurs.
Etablissement qui se veut de pointe grâce à ses spécificités, HDW vend ses productions suivant deux formules : la première correspond aux sous-marins conçus « à la carte » en prenant en compte les exigences du client ; ce sont les « Black Boats ». La seconde, celle des « Blue Boats », concerne des unités construite en « kit » dans les pays qui passent commande, avec l’assistance du chantier fournisseur des composants. Cette formule connaît un développement croissant avec des pays comme la Turquie, l’Argentine, le Brésil, l’Italie, la Grèce, l’Inde et la Corée. Les sous-marins du chantier HDW sont construits en acier spécial (non magnetic steel) et sont d’une conception compacte pour un nombre moins important de personnes à bord par rapport aux bâtiments construits en France. Un bon exemple de ce parti pris est le Dolphin, sous-marin compact avec équipage restreint mais un équipement très développé. D’autres modèles ont été présentés : U-212 A, U-214 A et U-310 mod qui dérive des précédents.
D’intéressants échanges de vue ont eu lieu à l’occasion de cette visite sur des points significatifs comme l’évolution du marché, les positions respectives de la société française DCNS et des chantiers allemands et les perspectives éventuelles d’alliance.
Dans la journée du mercredi 27, la délégation s’est rendue au TIDM où elle a été reçue par son président, M. Rüdiger Wolfrum, de nationalité allemande et M. Philippe Gautier, le greffier, de nationalité belge. Création des Nations Unies (convention de 1982), le TIDM est un organe judiciaire indépendant qui a pour mission de connaître et de traiter les différends d’ordre juridique du domaine de la mer : espaces maritimes et leurs ressources, zone économique exclusive, développements technologiques, pollution, statut des navires, problèmes de délimitation. Les 21 juges spécialistes sont élus pour 9 ans et rééligibles, un renouvellement par tiers étant prévu tous les 3 ans. Le président et le vice-président sont également élus pour 3 ans et rééligibles. Le greffe est l’organe administratif du Tribunal. Le greffier, élu pour 5 ans tout comme son adjoint, est assisté par des fonctionnaires internationaux nommés eux-mêmes par le Tribunal. Le Tribunal comporte différentes chambres comme, par exemple, celles qui connaissent des différends relatifs aux fonds marins ou aux problèmes de pêche.
A propos du fonctionnement du Tribunal, il a été précisé qu’il n’y a pas d’avocat général et que chaque partie assume ses propres frais de procédure. Toutefois, le secrétaire général des Nations unies a affecté un fond spécial pour l’assistance des pays en voie de développement qui ont à porter leurs différends devant le Tribunal. Les langues officielles sont le français et l’anglais. Les installations et équipements sont très soignés et bénéficient d’une technologie avancée. La bibliothèque, ouverte aux juges et aux parties, peut être accessible aux chercheurs ou aux étudiants stagiaires. Le budget, alimenté par les cotisations des Etats (8% pour la France, 22% pour le Japon), est de 15 millions pour une période de 2 ans. Il couvre les frais de fonctionnement et les salaires, cependant que les bâtiments (une villa est des extensions dans la propriété d’un M. von Schröder) sont gérés par le département de la Justice financé par les autorités fédérales à hauteur de 80%.
On peut obtenir des informations détaillées sur le TIDM en consultant les sites suivants :
www.itlos.org ou www.tidm.org

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