Conférences

La prévision océanique à l’échelle européenne

Pierre Bahurel
Polytechnicien et océanographe, directeur de Mercator Océan

Le 03-05-2017

Bruno Voituriez, président de la section Navigation et océanologie, présente M. Pierre Bahurel, polytechnicien et océanographe, directeur de Mercator Océan. Après un début de carrière au Service hydrographique et océanographique de la Marine, M. Bahurel a été chargé en 1999 de coordonner le développement des premiers systèmes français de prévision en temps réel de l’océan ; sous son impulsion, la France est entrée dans le club international très fermé des nations disposant d’une capacité opérationnelle sur l’ensemble du globe. En 2014, Mercator Océan a obtenu la délégation de l’Union Européenne pour mettre en place le service européen Copernicus de surveillance océanique.

L’objectif du projet d’océanographie opérationnelle Mercator, lancé en 1995 avec l’appui du CNRS, d’Ifremer, de l’IRD, de Météo-France et du SHOM, est de parvenir à doter la France d’un instrument de description et de prévision des caractères physiques de l’océan. Il produit une information numérique renseignant sur la circulation océanique dans l’ensemble du globe (grands courants, tourbillons et turbulences, niveau de la mer, …), sur l’état thermohalin (grandes masses d’eaux, température, salinité, densité, …), l’état biogéochimique (chlorophylle, oxygène, algues, pollutions, …), l’état des zones englacées aux hautes latitudes (couverture, densité, mouvements des glaces). Pour obtenir cette information il conçoit, développe et opères des systèmes d’analyses et de prévisions océaniques.

Installé à Ramonville Saint-Agne (près de Toulouse et de Météo-France), il rassemble une équipe de soixante-dix collaborateurs. L’essentiel de son métier est la modélisation numérique de l’océan et l’assimilation des données fournies par les satellites et les mesures in situ. Son atout majeur est la maîtrise de systèmes numériques de très grandes dimensions avec des supercalculateurs et des espaces de stockage considérables.

A partir des observations et des prévisions océaniques, Mercator Océan livre des centaines d’utilisateurs dans des domaines très nombreux et variés comme la sécurité maritime (routage, sauvetage en mer, …), lutte contre la pollution, recherches scientifiques, environnement côtier, défense, climatologie et prévisions saisonnières (Météo-France), protection des ressources halieutiques, protection des coraux, courses en mer.

En vingt ans Mercator Océan a beaucoup amélioré le service donné à ses utilisateurs. D’abord par la grande finesse de sa cartographie : à l’échelle de l’océan on est parti de mailles de 25 km pour arriver à des mailles de 5 km ; cette grande précision permet d’introduire davantage d’observations, tels que les mouvements des marées. Ensuite par la multiplication des observations : le réseau des satellites est de plus en plus dense et les observations sont de plus en plus précises. Les nouveaux instruments comme les balises Argo apportent d’autres informations, comme pour ces instruments des observations sur la salinité en eau profonde, et Mercator Océan développe des programmes permettant de prendre en compte ces données. Enfin par la prise en compte du milieu vivant par la mesure de la température, la salinité, le taux d’oxygène, des variations du niveau de la mer.

Pour aller plus loin il faudrait pouvoir développer la coopération internationale. Depuis 2009 Mercator Océan conduit le projet Copernicus pour coordonner les actions de 60 partenaires de la Communauté Européenne (et au-delà) représentant vingt-huit pays afin d’ouvrir un service européen de prévision océanique. La Communauté souhaite aussi développer la valeur économique de ces travaux.

C&M 3 2016-2017

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