Voyages d'étude et visites

Pays de la Loire

C&M 2 2015-2016

Du 14-03-2016 au 18-03-2016

La journée du lundi 14 mars commence par une visite du site d’Airbus à Saint-Nazaire où le groupe est accueilli par Serge Pons, responsable qualité du programme A350, dernier né de l’avionneur, et dont une douzaine d’appareils sont déjà en exploitation. M. Pons précise l’organisation des sites de fabrication en Europe avec onze usines dont trois sont particulièrement importantes (Saint-Nazaire pour l’avant et le tronçon central, Hambourg pour l’arrière, Broughton en Grande-Bretagne pour la voilure) ; les tronçons testés et prêts à l’emploi sont assemblés à Toulouse. Des ateliers d’assemblage sont aussi implantés aux Etats-Unis (à Mobile en Alabama) et en Chine (pour l’A320).

Les 73 000 employés d’Airbus (dont 15 % de femmes) appartiennent à cent nationalités différentes et livrent 150 appareils par an. Toutes les deux secondes un avion de la société décolle ou atterrit dans le monde !

Les activités d’Airbus sont organisées en quatre programmes. L’A320 monocouloir est le plus vendu ; depuis peu la gamme est complétée par l’A320 neo (pour new engine option) avec une nouvelle motorisation permettant d’économiser 20 % de la consommation de carburant par passager. L’A330 long courrier avec deux couloirs est aussi optimisé depuis peu par l’A330 neo permettant une économie de 14 % du carburant. L’A350, dernier né de la gamme, est un gros porteur résistant et léger est composé à 53 % de matériaux composites et est équipé avec des réacteurs Rolls-Royce de nouvelle génération permettant une économie de 25 %. L’A380 double-pont est actuellement l’avion commercial le plus grand en service dans le monde pour le transport des passagers.

Le site de Saint-Nazaire, où l’aéronautique est implantée depuis 1923, emploie actuellement 2 800 salariés avec une augmentation de 70 % en cinq ans. Le carnet de commande assure la continuité des fabrications pour plus de huit ans.

A la suite de cet exposé notre groupe parcourt les ateliers de fabrication dans lesquels il observe l’attention constante portée aux idées des compagnons pour améliorer l’efficacité du travail. Il suit l’utilisation d’une chaîne d’assemblage à visée laser puis l’atterrissage de l’avion Beluga, gros porteur acheminant les éléments entre les différents sites européens (2 ou 3 rotations par jour).
En fin de matinée notre délégation gagne la cantine de l’entreprise STX France où il déjeune en compagnie du capitaine de vaisseau Bernard Jacquet, commandant la Marine à Nantes et Saint-Nazaire, répondant à l’invitation du président de l’Académie.

L’après-midi est consacré à la visite du chantier STX. Notre groupe est accueilli par Laurent Castaing, directeur général de l’entreprise, et Stéphane Cordier, responsable de la construction (et lauréat de l’Académie).

M. Castaing présente les activités générales de l’entreprise : la construction navale, l’exploitation d’énergies en mer (off shore), les services.

Saint-Nazaire construit des navires spécialisés pour le transport de produits énergétiques, mais ce secteur est peu actif actuellement en raison de la stagnation de la demande. Par contre elle est importante pour les navires de passagers, soit des grandes tailles avec 140 000 UMS (Universal Measurement System) ou environ 70 000 tonneaux, soit petits et confortables avec 50 000 UMS équivalent à 25 000 tonneaux. La course au gigantisme s’arrêtera nécessairement car les navires de plus de 300 mètres ne peuvent être reçus dans de nombreux ports. Le trafic des croisières augmente rapidement aux Etats-Unis, en Europe et Asie ; il est prévu une croissance de 5 % par an jusqu’en 2021. Le marché est dominé par Carnival associé avec MSC croisières (1er) et Royal Carribbean (2e) ; parmi les constructeurs européens l’italien Fincantieri est le premier, suivi par l’allemand Meyer Werft et STX France. STX construit également des navires militaires comme les deux célèbres BPC ancrés dans le port et M. Castaing poursuit un projet de construction de navires de soutien logistique (Offshore Patrol Vessels) sur le chantier de Lorient.

La société développe par ailleurs un projet de construction d’éoliennes en mer et rivalise avec des entreprises belges et allemandes bien établies en mer du Nord ; c’est un marché prometteur. Pour les services, l’entreprise développe de nouvelles techniques telles que l’installation des scrubbers, appareils destinés à « laver » les fumées en les débarrassant des éléments toxiques et corrosifs.

Actuellement, la société emploie 2 604 personnes dont 23 % de cadres, 37 % d’ouvriers et 40 % d’administratifs, techniciens et agents de maîtrise. M. Castaing insiste sur l’ouverture des possibilités de promotion pour les ouvriers vers les ATAM et de ceux-ci vers les cadres. Le montant du chiffre d’affaires est d’un milliard d’euros par an alors que l’entreprise est compétitive à partir de 800 millions. Le carnet de commandes est rempli jusqu’en 2021.

Les sous-traitants sont recherchés dans toute l’Europe et ils sont associés à tous les contrats ; 75 % des produits utilisés dans la construction (il faut environ 300 000 pièces pour un bâtiment) sont achetés en Europe, dont 60 % en France. La recherche est particulièrement développée dans la protection de l’environnement (l’Harmony of the seas consomme 20 % d’énergie de moins que le projet de son rival finlandais), l’élaboration de la sécurité, la poursuite de la performance et de la compétitivité.

A la suite de cet exposé le groupe visite les ateliers en suivant les étapes du processus de fabrication depuis la réception et l’usinage des tôles, le découpage « au plasma » (« un jeu de lego », assure un cadre), le passage à l’atelier de peinture puis le transport et le montage des panneaux, le grand portique pouvant soulever des pièces de 1 200 tonnes. La construction, dont l’Harmony of the seas présente un excellent exemple, nécessite un calendrier élaboré car il faut pouvoir libérer les cales et les ateliers selon l’état d’avancement des constructions en réponse à l’engagement pris pour la date de livraison.

La matinée du lendemain, mardi 15 mars, est consacrée à la présentation des activités et à la visite du Grand port maritime de Nantes‒Saint-Nazaire sur le site de Montoir de Bretagne. Le groupe est accueilli par MM. Jean-Pierre Chalus, ingénieur des Ponts, président du directoire, et Pascal Fréneau, directeur de la communication.

Le port de Nantes‒Saint-Nazaire est une plate-forme multimodale internationale, le quatrième grand port en métropole et le premier sur la façade atlantique avec 3 000 escales de navires marchands et 400 escales de barges fluviales ; le troisième port français par le nombre des emplois (24 000) et la valeur annuelle ajoutée (3,4 milliards d’euros). Il a un fort poids régional et il s’appuie sur le tissu industriel solide et diversifié (300 types de trafic) des régions du Centre et des Pays de la Loire. L’emprise est assez restreinte avec une superficie de 2 700 ha dont la moitié est aménagée.

Depuis une quarantaine d’années les installations se développent en aval du bassin de Nantes. Celui-ci conserve le négoce des bois, avec une place de plus en plus faible des bois tropicaux et une croissance des bois blancs du Nord ; puis, toujours en aval, les sites de Chemiré et du Pellerin (avec un dock flottant), celui de Donges avec la raffinerie du groupe Total (8 à 9 millions de tonnes) en cours de modernisation, celui de Montoir de Bretagne spécialisé dans la manutention des vracs liquides et solides, tels le charbon pour la centrale de Cordemais, l’accueil des conteneurs (en augmentation) et récemment la fabrication des générateurs pour les éoliennes, enfin celui de Saint-Nazaire avec la construction navale et la manutention. Sur l’ensemble des sites la difficulté est la courbe du tracé du fleuve et la faible dimension des quais, de 250 à 300 m. alors que les bâtiments font plus de 300 m. et sont de plus en plus gros.

Pour l’avenir, Nantes voudrait devenir un port de référence de la transition énergétique et écologique en profitant du retrait du gaz (le trafic est divisé par cinq) et du pétrole, de l’augmentation de la demande ferroviaire, de l’aménagement du site du Carnet sur la rive gauche avec des investissements de Nantes métropole et de la région des pays de la Loire.

Discussion :

H. Legoherel : qu’en est-il des « autoroutes de la mer » ? R. L’autoroute Gijon-Montoir, active de 2010 à 2014, ne fonctionne plus actuellement. L’autoroute Algésiras-Vigo-Montoir-Le Havre est ouverte depuis octobre 2015 et greffée sur l’autoroute Vigo-Montoir existante.

A. Grill : quel est le climat social sur le port ? R. Il est « robuste » (J.-P. Chalus) mais depuis trois ans il n’y a pas eu de mouvements durs. Ce climat est à comparer avec celui de Marseille-Fos.

A la suite de cet exposé le groupe parcourt le site sous la direction de M. Chalus. Il observe le terminal roulier de Saint-Nazaire avec des éléments d’Airbus (deux postes d’appontement pour des armements Louis Dreyfus), des hélices pour éoliennes à proximité de l’usine Alstom, des bâtiments venus d’Espagne, d’Allemagne et d’Angleterre, une drague pour maintenir le chenal de Donges à 16 m afin de recevoir des navires de 12 m de tirant d’eau ; le terminal pour les conteneurs ; le terminal multi-vrac avec des silos pour les céréales et le soja, et encore pour les vracs liquides comme mélasse, huile végétale… ; la centrale gazière (à ce propos M. Chalus regrette la faible étendue de la réserve foncière alors qu’il convient de disposer d’un espace de sécurité autour de cette installation) ; le terminal charbonnier pour Cordemais (un minéralier de 140 000 t avec 15 m de tirant d’eau est à l’appontement) ; le poste de déchargement des hydrocarbures.

Au début de l’après-midi, après un déjeuner à Saint-Marc-sur-Mer, sur la « plage de Monsieur Hulot », notre groupe se rend sur le site d’Algosolis, plate-forme de recherche développée par l’Université de Nantes pour répondre aux besoins de la production de micro-algues utilisées dans l’alimentation (la « spiroline » contient 60 % de protéines), la cosmétique, la santé (acea ostaria est un puissant oxydant), la production de biocarburants pour l’aviation civile, le traitement des effluents riches en nitrate et en potasse des stations d’épuration. Sous la direction du professeur Jérémy Pruvost, le groupe parcourt la serre de production et les installations à air libre, puis le hangar d’abri de la récolte et termine par la halle de traitement de la biomasse.

La fin de la journée est consacrée à la commémoration de la bataille des Cardinaux qui s’est déroulée le 20 novembre 1759 au large du Croisic et où trois vaisseaux français et deux navires anglais ont fait naufrage durant l’engagement. Olivia Hulot, archéologue à la Direction des recherches subaquatiques et sous-marines du ministère de la Culture, précise les résultats des dernières investigations réalisées sur le site, tandis que Laurent Delpire, directeur du patrimoine de la ville du Croisic, présente quelques-uns des objets découverts. L’exploration commence en 1954 avec la découverte d’un canon de 24 en bronze fondu à Toulon en 1670 provenant de l’épave du Soleil Royal (et conservé maintenant au Croisic) ; en 1969, le Juste est reconnu lors d’une opération de drague et les restes fournissent de nombreux éléments de culture matérielle ; en 1982, les restes du Soleil Royal sont explorés, puis en 1984 ceux du Superbe avec entre autres un tronçon du mât de beaupré. Les vestiges des navires britanniques l’Essex et la Résolution coulés au large, sur le plateau du Four, sont localisés avec la présence d’une cloche et de 19 canons. Ces travaux, poursuivis par des amateurs passionnés sous la direction et la surveillance des archéologues du DRASSM, ont permis d’acquérir une assez bonne connaissance du déroulement du combat.

La journée du mercredi 16 mars commence par la visite guidée d’une saline au voisinage de Guérande. La récolte du sel est effectuée selon une technique perfectionnée mise au point au XVIe siècle. L’eau de mer est introduite dans une vasière, qui sert de réserve d’eau entre deux marées, puis elle passe dans plusieurs bassins successifs où la concentration en sel augmente grâce à l’action du soleil et du vent, et elle aboutit dans l’œillet où le sel est ramassé. Le paludier se tient debout sur une plate-forme ronde et il cueille le gros sel avec un râteau à long manche souple de 5 m, le sel est déposé sur la plate-forme puis transporté avec des brouettes sur un gros tas où il achève de sécher. La fleur de sel, fine pellicule déposée dans les angles de l’œillet, est prélevée grâce à un râteau spécial muni d’une planchette. Chaque œillet de 70 m² donne une production annuelle moyenne de 1,3 t.

Depuis 25 ans l’exploitation du sel, produit recommandé pour ses qualités nutritionnelles, connaît un renouveau spectaculaire. Près de 300 artisans travaillent dans le marais durant l’été à la récolte du sel si l’ensoleillement la permet et durant l’hiver à l’entretien des canaux ou des digues ainsi qu’à l’entretien des bassins dans lesquels une couche d’argile assure l’étanchéité.

Le voyage se poursuit par la visite de la vieille ville de Guérande entourée depuis le XVe siècle de splendides murailles, édifiées grâce aux revenus de l’exploitation du sel. Par la porte puis la rue Saint-Michel bordée de beaux hôtels particuliers construits aux XVIIe et XVIIIe siècles, on accède à une collégiale reconstruite en grande partie au XVe siècle après un incendie, en style gothique flamboyant, tout en respectant des piliers romans massifs ornés de très beaux chapiteaux.

L’après-midi est consacrée à la visite de l’Institut de recherche technologique Jules Verne et de la plate-forme Techno-campus océan dédiée aux énergies marine renouvelables, tous deux situés dans la commune de Bouguenais en banlieue de Nantes. Après une présentation faite par Hélène Le Floch, responsable du centre Techno-campus, le groupe se rend dans les laboratoires de DCNS, puis dans ceux de STX (avec la démonstration d’un robot à déplacement magnétique pour le soudage des tôles permettant d’obtenir un gain de 50 % de productivité), et dans ceux de l’Ecole centrale de Nantes, avec la présentation d’une éolienne flottante ayant 7 m de tirant d’eau, exploitée par ERDF. Tout est fait dans cette institution pour faciliter la rencontre et le débat entre les spécialistes de divers domaines autour des applications pour la construction navale et l’aéronautique.

A la fin de la journée le groupe gagne la ville d’Angers dont il visite les environs le lendemain, jeudi 17 mars. Pour se rendre à Saumur et Fontevraud il emprunte tout d’abord la route aménagée sur la rive droite de la Loire. A partir du XIIe siècle les souverains Plantagenêt puis Valois ont fait poursuivre la construction de digues ou « levées » ‒ qui supportent maintenant une route ‒ afin d’isoler la vaste plaine marécageuse située le long du fleuve sur environ 40 km et inexploitée car régulièrement inondée. Cette région fertilisée par des alluvions est devenue une grande région d’agriculture d’environ 55 000 ha avec quatre spécialités principales : l’horticulture, la culture grainière, les vergers et la culture maraichère. Les débouchés sont assurés par le marché-gare voisin.

Après le passage du fleuve à Saumur, ville dominée par la haute silhouette de son château, nous gagnons l’abbaye de Fontevraud à travers un pays de coteaux de tuffeau blanc avec des habitations troglodytes et des vignobles. Fondée au début du XIIe siècle l’abbaye suit la règle de Saint Benoît, mais avec la particularité originale d’être mixte et dirigée par une femme, assez fréquemment de sang royal. Durant plus de cinq siècles c’est le plus vaste ensemble monastique d’Europe, rayonnant sur l’ensemble du continent. Louis XV y a envoyé cinq de ses filles pour parfaire leur éducation. Transformée en prison en 1804, abandonnée en 1963, puis restaurée, elle est maintenant le siège d’un centre européen de formation dans le domaine du patrimoine, abritant des manifestations culturelles prestigieuses.

La visite commence par la vaste église abbatiale édifiée au XIIe siècle, couverte d’une merveilleuse enfilade de quatre grandes coupoles, abritant les gisants des Plantagenêt, en particulier Henri II, roi d’Angleterre et comte d’Anjou. On passe ensuite dans le cloître du Grand moutier, transition entre le gothique flamboyant et la Renaissance, puis dans la salle capitulaire construite au XVIe siècle. La cuisine romane, construite à l’écart pour éviter la propagation d’éventuels incendies, est le bâtiment le plus curieux avec un plan octogonal d’absidioles contenant chacune un foyer.

Le retour vers Angers est effectué par la rive gauche de la Loire avec une étape aux caves Bouvet-Ladubay à Saint-Hilaire ‒ Saint-Florent qui n’ont pas moins de 8 km de galeries souterraines ! Ce négociant achète du jus de raisin (cabernet franc, chardonnay et chenin) à des producteurs, poursuit le processus de vinification en cuve durant six mois puis procède à des assemblages avant une fermentation en fût pendant neuf à douze mois. La dernière opération est la mise en bouteille au cours de laquelle on ajoute du sucre et de la levure de vin ; les bouteilles, remuées pour éviter la formation d’un dépôt, sont fermées par des capsules. Celles-ci sont remplacées par des bouchons à la fin du processus de fabrication, après dégorgement et apport d’un complément pour rétablir la quantité. Selon la durée de la fermentation ces vins effervescents reçoivent l’appellation Saumur brut (9 mois) ou Crémant de Loire (un an). Au voisinage le groupe visite la très belle église romane de Cunault, remarquable par ses chapiteaux historiés, puis franchit le fleuve pour répondre à une invitation privée sur la route des clochers tors.

La journée du lendemain, vendredi 18 mars, est consacrée à la découverte de la ville d’Angers sous la direction de Guy Massin-Le Goff, conservateur général du Patrimoine, chargé des antiquités et des objets d’art du département de Maine-et-Loire. La visite commence à la cathédrale Saint-Maurice, en majeure partie du XIIe siècle, dont la nef unique, très vaste, est couverte d’une magnifique voute de style Plantagenêt. Les vitraux de la nef sont de la même époque et sont donc parmi les plus anciens de France, en particulier la représentation d’une vierge en majesté et du martyre de Saint Vincent. Les vitraux du chœur sont un peu plus tardifs (XIIIe s.) et retracent des vies de saints avec des couleurs somptueuses ; les rosaces du transept ont été réalisées au XVe siècle et sont tout aussi colorées, en particulier un zodiaque à dominante rouge. Le mobilier liturgique du XVIIIe siècle, lourd et rutilant dans l’esprit de la contre-réforme, remplace des monuments plus anciens, en particulier le tombeau du roi René, chef d’œuvre de l’art réaliste du XVe siècle. La chaire à prêcher en bois sculpté, très chargée, est une extraordinaire réalisation du XIXe. La façade du XIIe, proche de celle de Fontevraud dans les arcatures inférieures, est couronnée par deux tours portant des flèches de style gothique, reliées par une galerie de huit grandes statues figurant Saint Maurice et ses compagnons de la légion thébaine. Une tour centrale, plus tardive, porte la croix d’Anjou à double traverse, symbole des ducs d’Anjou, plus connue de nos jours sous celui de croix de Lorraine.

La découverte d’Angers se poursuit à l’ancien hôpital Saint-Jean, construit au début du XIIe siècle. Nous y visitons la salle des malades, chef d’œuvre d’art Plantagenêt avec sa triple nef et site d’exposition des dix tapisseries du Chant du monde, chef d’œuvre de Jean Lurçat, faisant pendant à celle de l’Apocalypse exposée au château, sur l’autre rive de la Maine.

Ce monument est particulièrement impressionnant avec ses dix-sept énormes tours rondes dominant la rivière et son enceinte de murailles dans lesquelles le schiste gris ardoise alterne avec le tuffeau blanc. Dans son état actuel il a été reconstruit au début du XIIIe siècle, sous le règne de Saint Louis, pour dresser une barrière contre les incursions des Bretons. Les aménagements intérieurs, en particulier le logis royal et sa chapelle, sont plus tardifs et construits pour l’essentiel dans la première moitié du XVe siècle, sous le règne de René d’Anjou. Au voisinage se trouve la galerie abritant la tenture de l’Apocalypse, commandée en 1375 par le duc Louis Ier d’Anjou, frère du roi Charles V. C’est la plus ancienne tenture réalisée sur un métier à tisser (la broderie de Bayeux est exécutée à l’aiguille) et la plus grande, chef d’œuvre du patrimoine mondial. Guy Massin-Le Goff fait une lecture passionnante de cette évocation en 76 tableaux du dernier texte du recueil canonique du Nouveau Testament. Il relate les visions prophétiques de saint Jean et la lutte entre le Bien et le Mal : après le cortège de catastrophes s’abattant sur l’humanité éclatera le triomphe du Christ. La tapisserie évoque aussi avec réalisme les événements du temps du tissage : les ravages de la guerre de Cent Ans, la famine, la peste, les décès…

En face du château, la galerie David d’Angers, installée dans la chapelle de l’ancienne abbaye Toussaint (XIIIe), conserve une collection importante d’œuvres de cet artiste du XIXe siècle. Parmi les sculptures monumentales, on remarque celle du marquis de Bonchamps, héros vendéen, faisant grâce aux prisonniers (dont le propre père du républicain David, alors que lui-même était mortellement blessé) ; on note aussi le Départ des volontaires de 1792 et une réduction au tiers du fronton du Panthéon, dont il est l’auteur. Une mezzanine rassemble une collection de bustes dont la réalisation est inspirée à l’artiste par les recherches de la phrénologie. Le buste de Chateaubriand est particulièrement réussi : « … son âme sublime a toujours eu de mélancoliques accents pour les grandes douleurs de l’humanité … » assure le sculpteur.

Le voyage s’achève par une promenade agréable dans les jardins et le cloître du XVIIIe siècle.

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