Voyages d'étude et visites

Brest

C&M 3 2011-2012

Du 05-06-2012 au 07-06-2012

Mardi 5 juin

La journée a commencé par une visite du Service hydrographique et océanographique de la Marine (SHOM). Deux hydrographes y ont donné un aperçu de quelques travaux actuels du service. L’un, réalisé en collaboration avec l’Institut géographique national, est la réalisation d’une carte des côtes de la France métropolitaine et de l’outre-mer, d’une altitude inférieure à 10 mètres ou une distance de 2 km pour la terre (en utilisant des relevés aéroportés à 1  600 m), et d’une profondeur de 10 mètres parfois portée à 20 ou 30 m pour la mer (avec des sonars bathymétriques aéroportés à 400 m et des sondeurs classiques montés sur des embarcations). Il suppose une collaboration entre les deux institutions – les zéros hydrographiques et terrestres sont différents  ! – qui s’est révélée fructueuse, aboutissant à une fixation du trait de côte et à la réalisation d’instruments utiles pour les aménagements côtiers, pour le développement économique des littoraux, pour la connaissance des marées. Le second est l’élaboration des cartes pour la marine, mission traditionnelle du SHOM, dont la réalisation a beaucoup évolué depuis une dizaine d’années. Désormais les produits sont conformes aux normes fixées par l’organisation hydrographique internationale et depuis 1998 le service produit des cartes électroniques sous forme de CD-ROM, d’une grande souplesse d’utilisation et d’une grande facilité d’utilisation.

A la suite de ces exposés le groupe s’est rendu dans quelques ateliers où il a assisté à la réalisation partielle de l’impression d’une matrice de carte marine.

En fin de matinée, l’Académie s’est dirigée vers la préfecture maritime, où elle a été accueillie chaleureusement par le vice-amiral d’escadre Jean-Pierre Labonne  ; celui-ci lui déclare  : «  Vous êtes ici chez vous, lieu de naissance de l’Académie de marine.  » Le vice-amiral d'escadre Labonne, préfet maritime, commande la zone Atlantique, la zone de soutien Brest-Lorient et la défense du Finistère. A ce titre il a autorité sur 19  000 personnes qui représentent l’action de l’Etat en mer, avec des tâches diverses. Un aspect important de son activité est d’apporter la liberté d’action aux forces océaniques stratégiques en termes de sécurité, d’entraînement avant patrouille, de sûreté et de recueil de renseignements. Il participe aussi au traitement des crises, ainsi le soutien de la force Licorne en Côte d’Ivoire entre novembre 2010 et avril 2011, à la répression de la piraterie, à la lutte contre les trafics illicites et les pollutions, et en général à l’application des mesures d’assistance humaine et de sécurité de la navigation.

Au cours de l’après-midi, toujours à la préfecture maritime et en présence de l’amiral Labonne, s’est tenue la séance de l’Académie. La journée s’est terminée par la visite des nouvelles salles, récemment inaugurées, du Musée maritime, puis la réunion de lancement d’«  Océanides  », projet international de recherche en histoire maritime et navale, initié par DCNS en partenariat avec une vingtaine d’entreprises, de collectivités territoriales, d’établissements publics (dont l’Académie), de fédérations professionnelles, avec le soutien de très actif du Cluster maritime français. Il vise à coordonner, rassembler et publier les travaux de 300 chercheurs internationaux spécialistes de l’histoire des mers et des océans, avec un conseil scientifique dirigé par Christian Buchet, membre titulaire de l’Académie et président de la section Histoire, lettres et arts.

Mercredi 6 juin

L’Académie s’est rendue sur le site du Poulmic. Elle a commencé la journée par une visite de l’Ecole navale, où elle a été accueillie par le directeur, le contre-amiral Marc de Briançon. Le site forme une centaine d’officiers par an et environ 460 non officiers. Le projet est de former «  un officier de carrière, futur dirigeant de la marine nationale et de la défense, apte aux emplois opérationnels dans un contexte international en évolution permanente  ». La formation y est organisée selon quatre thèmes. 1° Les «  savoirs  »  : méthode de commandement et de réflexion, compétences maritimes et militaires, culture générale et de défense, systèmes complexes d’ingénierie. 2° Le «  savoir-être  »  : charisme et goût du commandement, sens du service et éthique, détermination et dépassement de soi, dynamisme et honnêteté intellectuelle. 3° Le «  savoir-faire  »  : postes occupés sur de petits bâtiments, officier de quart, chef de service et capitaine de compagnie. 4° Le «  faire-savoir  »  : communication et aisance relationnelle, diplomatie navale, vie en société, connaissance des cercles de décision.

L’amiral de Briançon a insisté sur l’ouverture de l’école vers l’extérieur. Elle est habilitée à délivrer des diplômes d’ingénieur, de master et de doctorat. Son institut de recherche développe un enseignement de haut niveau, tourné vers la recherche, avec trois axes principaux  : mécanique et énergétique en environnement naval  ; acoustique sous-marine et observation de l’environnement marin  ; système d’information géographique pour la modélisation des phénomènes maritimes. Elle est en contact permanent et en échange de services et de prestations avec de nombreux établissements d’enseignement supérieur et de recherche, avec des industriels, avec des organismes de défense français et étrangers. Elle organise des journées et colloques à thèmes ouverts à tous, des conférences de haut niveau sur des sujets maritimes, des stages de commandement et de modernisation, et participe à de nombreux évènements maritimes, en particulier le Grand prix de l’Ecole navale, championnat de France des monotypes habitables, événement exceptionnel rassemblant chaque année, à la fin d’une semaine, 900 équipiers venus de toute la France et 10  000 spectateurs.

Cette présentation fut suivie de la visite de l’Ecole navale, avec en particulier une démonstration très évocatrice du simulateur de navigation.

L’après-midi, l’Académie s’est rendue à l’ancienne abbaye de Landévennec, pour visiter l’exposition La mer à l’encre. Trois siècles de cartes marines, XVIe-XVIIIe siècles, conçue par la Corderie royale de Rochefort et le Service historique de la Défense, présentant l’iconographie magnifique des cartes et portulans anciens, résultat de la confrontation entre l’œil du cartographe et l’expérience nautique du pilote. Deux temps forts y sont présentés  : d’abord l’extraordinaire production cartographique des ports normands du XVIe siècle, rapprochée de la réalité de la navigation à l’estime à l’époque de la Renaissance  ; puis l’aboutissement de la grande œuvre cartographique du XVIIe siècle français, initiée par Colbert, le Neptune Français de 1693, avec vingt-neuf cartes des côtes atlantiques de l’Europe. A cette époque, les méthodes de relevé et d’élaboration des cartes changent radicalement pour devenir plus scientifiques et plus rigoureuses, limitant les aléas de la navigation. Des cartes marines des côtes bretonnes, depuis les cartes hollandaises du XVIe siècle jusqu’aux documents élaborés par Beautemps-Beaupré au début du XIXe siècle, ainsi que des instruments de marine et des moyens informatisés interactifs, prêtés par le Service hydrographique et océanographie de la Marine, ajoutent à l’intérêt de cette exposition.

A l’issue de cette visite, le groupe a répondu à l’invitation de M. Roger Lars, maire de Landévenec, qui a tenu à exprimer l’attachement de ses administrés pour le devenir de la marine et le vœu que le site de Penform devienne un lieu d’attente pour la déconstruction des navires.

Puis, à la fin de cette journée, l’Académie s’est dirigée, en traversant l’arsenal militaire, vers la pointe Saint-Mathieu, où est érigé face à la mer, dans un site tout en grandeur et en sobriété, le monument aux marins morts en mer. En présence de l’administrateur général des Affaires maritimes Bruno Baraduc, représentant le préfet maritime, des membres de l’association «  Aux marins  » et d’élus locaux, le président Quéneudec a déposé une gerbe avant un temps de recueillement tandis que retentissait la sonnerie «  Aux Morts  » et qu’une garde de marins de l’Etat présentait les armes. Puis le groupe s’est rendu au voisinage vers l’ancien fort devenu cénotaphe, conservant le souvenir de centaine de marins, où il fut accueilli par l’officier général (2s) Pierre Léaustic, qui présenta avec des mots simples, sobres et émouvants l’activité de l’association, tournée vers la compassion et le soutien aux familles des morts et des disparus, qu’il dirige, avant d’inviter le président Quéneudec à ranimer la flamme du souvenir.

Jeudi 7 juin

Le groupe est retourné sur le site du Poulmic, où il a été accueilli par le capitaine de frégate Nicolas Couderc, commandant la flottille 33F, recréée en décembre 2011 et progressivement dotée d’hélicoptères NH 90, dans la version Nato Frigate Helicopter (NFH), avec une avionique de bord et de mission moderne, en attendant l’installation du sonar Flash de Thales. Puis il a gagné la base opérationnelle de l’île Longue et il y a été reçu par le capitaine de vaisseau Stéphane de Saint-Exupéry, commandant, base sur laquelle le chef d’escadrille des sous-marins nucléaires lanceurs d’engins veille à la constitution et à la formation des équipages. Le groupe a parcouru le site et a pu approcher d’un SNLE au bassin, en cours de maintenance et d’installation des missiles M 51, à la portée notablement accrue par comparaison avec les précédents M 45. A proximité de ce sous-marin, le capitaine de vaisseau Jacques Fayard, commandant d’un équipage, a enthousiasmé les auditeurs par sa présentation des missions et de la vie quotidienne des hommes.

Dans l’après-midi, l’Académie s’est rendue à l’Ecole nationale supérieure de techniques avancées de Bretagne, dont le directeur, l’ingénieur général de l’armement Francis Jouanjen, a précisé les principales formations, en particulier celle d’ingénieur en trois ans, masters de recherche (Bac + 5), masters spécialisés (Bac + 6) et doctorats (Bac + 8) dans les spécialités architecture navale, hydrographie et océanologie, pyrotechnique et propulsion, électronique et informatique de systèmes embarqués, ingénierie et gestion des organisations. Cet exposé a été suivi de la visite de quelques laboratoires du centre de recherche, articulé en trois pôles, mécanique, sciences et technologie de l’information, sciences humaines et sociale. Ce centre est très actif avec 79 enseignants-chercheurs et ingénieurs de recherche ainsi que 58 doctorants.

A la fin de la journée, le groupe a gagné le jardin de l’Académie de marine, situé face au port, à proximité du château, où, en présence du préfet maritime, le président Quéneudec, après avoir rappelé les circonstances de la création à Brest, a dévoilé une plaque portant les mots  : «  En souvenir de la première séance de l’Académie royale de Marine, à Brest le 31 août 1752, l’Académie de marine, le 7 juin 2012.  »

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