Voyages d'étude et visites

Emirats Arabes Unis et Sultanat d’Oman

C&M 2 2012-2013

Du 25-01-2013 au 02-02-2013

Compte rendu rédigé par le contre-amiral Jacques Petit, secrétaire général de l’Académie, et M. Jean Pépin-Lehalleur, secrétaire de la section Sciences et techniques.

Dimanche 27 janvier

Après avoir appareillé de Dubaï et franchi le détroit d’Ormuz le paquebot accoste à Khor Fakkan aux Emirats Arabes Unis. M. Philippe Blasset, directeur régional de CMA CGM, monte à bord et présente cette entreprise, troisième compagnie de transport de fret au monde après Maersk Line, société danoise, et MSC, société suisse. Fondée en 1978, elle emploie 18 000 personnes dont 4 700 en France et met en œuvre 410 navires dont 94 en pleine propriété. Sa capacité d’emport est de 2 117 188 conteneurs équivalent vingt pieds (EVP) et sa politique est de remplacer ses porte-conteneurs de 13 800 EVP par des 16 000 EVP. Depuis 1992 son marché dominant est la Chine ; chaque jour, quatre navires de CMA CGM quittent ce pays.

Puis il présente le port d’éclatement (hub) de Khor Kaffan et il précise que chaque conteneur durant un voyage fait l’objet de deux transbordements dans de tels sites. La difficulté est de trouver des terminaux disponibles, ce qui conduit CMA CGM à en construire, ainsi la présente installation, qui est un investissement très lourd car un poste coûte 300 milliards de dollars.

Il dirige ensuite une visite des installations, en particulier celles qui sont utilisées pour le mouvement des conteneurs, au nombre de 4,5 millions par an (le quart de celui de Dubaï). Le suivi des conteneurs est effectué par informatique à partir des numéros peints sur leur paroi ; au déchargement du navire le conteneur est automatiquement groupé avec ceux qui ont la même destination. 95 % des mouvements concernent des transbordements de porte-conteneurs océaniques vers ou depuis des navires de plus petite taille.

A une interrogation sur la piraterie, M. Blasset indique qu’elle a une incidence très forte sur les coûts d’exploitation car les commandants doivent suivre les comportements recommandés pour traverser les zones dangereuses avec l’embarquement de gardes armés. Ces mesures ont entraîné un net recul de la piraterie contre les gros bâtiments ; ce sont maintenant les petits navires qui sont les premiers visés. La grande difficulté reste l’identification des pirates par rapport aux pêcheurs.

Lundi 28 janvier

Le groupe s’est rendu à Mascate pour une journée organisée avec efficacité par le colonel Stéphane Lelièvre, attaché de Défense auprès de l’Ambassade de France au Sultanat d’Oman, qui présente cet Etat. L’économie est celle d’un pays pétrolier, mais avec une population à 60 % bédouine et un gouvernement sage et pondéré. Puis l’Ambassadeur, M. Yves Oudin, présente l’action de la France, en bonne place pour la vente des matériels militaires (25 % du marché) et moins bien placée pour les entreprises civiles malgré la présence de Total, GDF Suez (dessalement de l’eau de mer), EADS, Sodexho. Les Omanais entretiennent avec soin et de façon continue de bons rapports avec tous leurs voisins et ils sont pour l’Occident un point de passage vers l’Iran.

A la suite de cette réception la visite se poursuit dans le vieux Mascate puis le groupe s’embarque pour franchir à nouveau le détroit d’Ormuz et entrer dans le Golfe.

Mardi 29 janvier

Aucune activité spécifique n’étant organisée, la matinée a été consacrée à la visite du petit port de Khasab au sultanat d’Oman avec au choix une excursion sur les hauteurs environnantes ou une promenade en bateau local sur le littoral. Dans l’après-midi le commandant du bâtiment a tenu à honorer l’Académie en invitant de façon inopinée les participants du voyage à la passerelle de son navire où il a présenté les officiers de son état-major, puis les principales commandes de passerelle et leurs fonctions. On retiendra que le système de conduite comporte une fonction anticipation donnant la position future du bâtiment lors des manœuvres et un enregistrement systématique de tous les ordres et des positions dans un journal de navigation automatisé.

Dans la soirée notre confrère Jean Pépin-Lehalleur, ancien directeur général de Doris Engineering, secrétaire de la section Sciences et techniques, a prononcé une conférence sur Le Pétrole et le Gaz dans le Golfe. En effet la richesse des pays visités au cours de ce voyage vient initialement de la production des hydrocarbures, et l’exploitation devrait se poursuivre encore pendant plusieurs dizaines d’années car la production actuelle représente 30 % de celle du monde, alors que le Moyen-Orient a 60 % des réserves mondiales prouvées de pétrole et 40 % du gaz. Le conférencier montre des cartes de localisation des zones de production, puis il présente des vues d’installations pour l’exploitation du pétrole et de gaz à terre et en mer. Ces dernières sont situées à des profondeurs modérées, jamais inférieures à 80 m. Si les hydrocarbures continueront de constituer la principale richesse de la région pour plusieurs dizaines d’années, les pays visités lors de ce voyage sont un peu moins bien lotis en réserves et on a pu constater qu’ils commencent à se préoccuper de « l’après pétrole ».

Mercredi 30 janvier

La journée est consacrée à la visite d’Abou Dhabi aux Emirats Arabes Unis avec un programme organisé par le colonel Philippe Drouard, attaché de Défense à l’Ambassade de France.

La journée commence par la visite du « pôle Sorbonne », remarquable installation voulue par les responsables politiques de la région pour former des cadres dans une économie diversifiée. Elle peut accueillir 1 500 étudiants (l’enseignement) est mixte, situation exceptionnelle dans la région) et en compte actuellement 700 ; elle délivre les mêmes diplômes que ceux des universités françaises et l’enseignement est assuré par des professeurs de ces universités, qui viennent donner un enseignement durant une quinzaine de jours. La scolarité est payante et d’un coût assez élevé avec toutefois des bourses des Emirats et de l’Etat français (en soutien à l’influence culturelle francophone) ; le niveau est bon, particulièrement en mastère.

Il existe par ailleurs des centres culturels analogues avec des enseignants des universités du Royaume-Uni et des Etats-Unis d’Amérique, mais le centre français dispose du plus gros contingent.

Le groupe de l’Académie s’est ensuite rendu à la résidence de France, où l’ambassadeur l’a reçu à déjeuner et lui a donné des informations sur les relations entre notre pays (qui est au quatrième rang des partenaires commerciaux) et les EAU. On sait que les Emiratis sont de gros investisseurs en France et, outre les relations culturelles, ils sont intéressés pour l’avenir par l’énergie nucléaire (pour l’après-pétrole), le tourisme et l’activité portuaire, mais souvent les offres françaises ne sont pas, à qualité égale, jugées compétitives. Il faudrait donc une évolution pour pouvoir conserver des parts de marché.

Dans la suite de la journée le groupe s’est rendu dans la base des Forces françaises où il a été reçu par le vice-amiral Marin Gillier, commandant la zone maritime de l’océan Indien (Alindien) et les Forces françaises aux Emirats Arabes Unis. Celui-ci a commencé son exposé en soulignant que cette base est la première ouverte autrement que par le succès des armes, qu’elle l’a été par la volonté conjointe des deux gouvernements, ce qui oblige les Français. Il a poursuivi par un exposé de la situation dans le Golfe et dans l’ensemble de l’océan Indien, puis il a conclu par un résumé des missions dont il a la direction : la protection des intérêts français et de ceux des E.A.U. en applications des accords réciproques, des opérations militaires limitées, la lutte contre la piraterie (114 otages actuellement contre 700 l’année dernière), la coopération militaire.

Jeudi 31 janvier

La matinée est consacrée à la visite du port de Dubaï, neuvième port de commerce du monde avec 12 millions de conteneurs débarqués et embarqués chaque année, puis à celle d’un petit chantier naval pour la construction et l’entretien des yachts de luxe et des boutres traditionnels, avec une installation industrielle spectaculaire de ponton-ascenseur permettant la mise à terre ou à l’eau des bâtiments.

Après un déjeuner sur un boutre navigant sur le bras de mer entre la ville et le port le groupe s’est rendu au musée maritime, dont l’aménagement récent donne un aperçu historique des activités dans le Golfe depuis les temps anciens jusqu’à maintenant.

Vendredi 1er février

La journée est consacrée à la découverte de la ville de Dubaï avec l’ascension de la tour Burj Khalifa, la plus haute du monde (828 m), la découverte des marinas et des centres commerciaux géants, le zoo sous-marin et les vieux souks de l’or.

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