Voyages d'étude et visites

Bretagne

C&M 2 2008-2009

Du 04-05-2009 au 07-05-2009

L’Académie de marine a mis les voiles vers la Bretagne nord. C’est sous la houlette du professeur Henri Legohérel, natif de Morlaix, que nous avons découvert les richesses du Haut-Finistère, tant sur le plan culturel que sur le plan économique.

Morlaix, située entre le Léon et le Trégor, au pied des monts d’Arrée, fut entre le XVème et le XVIIIème siècles, une ville prospère et active, en particulier dans le commerce de la toile de lin. Grâce à l’ingéniosité et au souhait des élus, Morlaix essaie de conserver ses charmes historiques tout en épousant des styles plus modernes et pratiques. Maisons à colombages et à encorbellements, à peine voûtées par l’âge, s’alignent de la rue du Mur à la rue Noble en passant par les rues Haute et Basse. Maisons surnommées à la lanterne à cause du grand châssis vitré qui couvre la cour intérieure, cour ainsi fermée qui sert aussi de lieu de vie grâce à sa vaste cheminée. C’est ainsi que nous découvrons les escaliers à ponts d’allées (galeries intérieures) en visitant la célèbre maison Pondalez, spécialisée dans le commerce du lin ; commerce qui se faisait uniquement à l’extérieur par les fenêtres. On notera aussi l’impressionnant viaduc construit entre 1861 et 1865 afin de permettre à la ligne de chemin de fer Paris-Brest d’enjamber la vallée et la rivière, haut de près de 60 m et long de 284 m.

La Compagnie quitte Morlaix pour Carantec où elle est accuillie par M. Georges Sibiril, propriétaire des Chantiers Ernest-Sibiril. Les chantiers Sibiril fonctionnent de père en fils, depuis 1789. De menuisiers-ébénistes au départ, ils sont devenus constructeurs de bateaux de plaisance. Dans les années 1978, compte tenu de la demande de la clientèle, les chantiers se diversifient et se mettent à construire aussi des bateaux pour la pêche. Ils se mettent également à utiliser du matériau composite à la place du bois, à construire des vedettes pour le pilotage ainsi que pour le sauvetage au profit de la SNSM. Plus tard, les chantiers reprennent la construction des navires de pêche professionnelle tandis que les chantiers Bénéteau abandonnent cette filière pour se spécialiser dans la plaisance. Dotée aujourd’hui d’outils modernes de CAO/DAO, l’entreprise Sibiril est en mesure de fabriquer toutes les pièces d’un bateau, à l’exception des blocs-moteurs et des lignes d’arbre. Le temps de fabrication d’un navire est d’environ six mois. La production moyenne est de 3 ou 4 bateaux par an et le chiffre d’affaires varie entre 0,4 et 0,6 M€. La crise actuelle n’a que peu de répercussion sur l’activité. Les chantiers doivent évidemment se plier aux normes d’homologation de chaque pays. Ils ne font pas uniquement de la construction neuve et font aussi du service après vente à long terme. Un bateau a en général une durée de vie de 15 à 18 ans. Après cette période les chantiers refondent les bateaux, ce qui leur donne à nouveau 15 à 18 ans de vie devant eux. Pendant l’occupation, essentiellement entre 1940 et 1941, la famille Sibiril a pu organiser une quinzaine d’évasions vers l’Angleterre par la mer. Ces événements ont fait l’objet d’un livre Chantier d’évasions, réseau Sibiril-Alliance, Carantec 1940-1944 écrit par Roger Huguen.

La visite historique du Château du Taureau, emblème de la baie de Morlaix, a été menée par M. Guillaume Lécuiller, ancien lauréat de l’Académie de marine. Il fut construit au XVIème siècle puis remanié au XVIIIème siècle par Vauban.

C’est entre bruine et de soleil que la Compagnie, sous la direction de M. Henri Legoherel, secondé par M. Michel Bez, membre de l’Académie de marine et peintre de la Marine, auteur d’un superbe livre sur les Enclos Paroissiaux, part en procession pour découvrir ces villages de légendes que sont Saint-Thégonnec, Lampaul-Guimiliau, Commana, Plougonven, puis les monts d’Arrée et l’Abbaye du Relecq.

L’enclos paroissial breton comprend en principe une église située au milieu d’un cimetière dans lequel on entre par une arche ou arc de triomphe, qui symbolisait l’entrée du Christ à Jérusalem, orienté est/ouest comme à Jérusalem. Le cimetière comporte un calvaire, lien entre Dieu et les hommes, et un ossuaire, qui est orienté à l’ouest. Un échalier ou muret de pierre ceint l’ensemble et protège ainsi le lieu sacré. Ce muret, aussi considéré comme cordon sanitaire, car il empêche les animaux de détériorer les lieux, va devenir la limite entre le profane et le sacré.

Après un voyage légendaire aux cours des siècles passés, la Compagnie est accueillie par le directeur du port, M. Gilles Simon, qui nous fait d’abord un historique de la naissance et de la construction du port du Bloscon à Roscoff. Né de la demande des agriculteurs bretons, sous l’impulsion d’Alexis Gourvennec, au début des années 60, afin de pouvoir valoriser leur production, notamment en créant une liaison directe avec l’Angleterre, que l’on ne pouvait atteindre alors que via Paris, Alexis Gourvennec décida d’acheter lui-même son propre ferry. Ce sera dès lors la naissance de la compagnie Brittany Ferries qui, malgré son nom à consonance anglaise, est française. Alexis Gourvenec voulait ainsi désenclaver la région afin de la dynamiser et de l’ouvrir vers le monde extérieur.

La construction du port a commencé en 1970, un projet d’agrandissement porte aujourd’hui sur la construction d’un port de plaisance pour environ 600 bateaux. Le port en chiffres : en 2008, on a compté 483 arrivées de ferries, 545 000 passagers, 190 000 véhicules dont 9 000 camions, 423 000 tonnes de fret, une centaine de cargos, pour 45 M€ de chiffre d’affaires.

Après cette visite très intéressante, la Compagnie est accueillie à la Station Biologique de Roscoff par M. Kloargeg, directeur de la station et membre correspondant de l’Académie des Sciences. Cette station a été fondée en 1872 par Henri de Lacaze-Duthier. Laboratoire de zoologie expérimentale, Roscoff a été choisi pour implanter ce laboratoire en raison de la diversité du milieu marin, de la richesse en espèces animales et végétales, de son très important marnage, et enfin des excellentes liaisons avec Paris.

Le laboratoire travaille sous la double tutelle du CNRS et de l’Université Pierre et Marie Curie. Parmi le personnel, 110 (dont 37 chercheurs) appartiennent au CNRS et 35 (dont 20 chercheurs) appartiennent à l’UPMC. Depuis 1985, la station est dotée du statut d’Observatoire océanologique de l’Institut National des Sciences de l’Univers (INSU). Depuis 2001, la station est également une Fédération de recherche du département des Sciences et de la Vie du CNRS. Les objectifs du laboratoire sont de comprendre et de décrire (notamment par la génomique, dont la station a fait l’une de ses spécialités), et de contribuer à la promotion du développement durable. Associée à de nombreux autres laboratoires étrangers, en particulier en Europe, la Station Biologique de Roscoff travaille sur l’une des voies stratégiques de la recherche européenne. Un institut de génomique marine y sera créé en 2011. La station est un laboratoire attractif, dont la notoriété ne cesse de croître. Concernant la recherche, il faut trouver des associés pharmaceutiques qui soient convaincus de l’utilité et de la réussite de la découverte.

Puis la Compagnie se rend à la criée de Roscoff implantée sur 2 000 m² de port en eaux profondes, ce qui permet une rotation continue des bateaux de pêche. Grues et chariots élévateurs s’activent auprès de 60 tonnes quotidiennes de poissons qui sont débarquées. La pêche provient essentiellement de la Manche, mer d’Irlande et mer du Nord. Les lots de poissons sont identifiés selon un référentiel propre à l’OFIMER (label de qualité et taille), avant d’être mis en place pour la vente à la criée à 6 h du matin. Pour préserver la fraîcheur du poisson, les bateaux débarquent souvent leurs poissons à la criée la plus proche et, en général ne restent pas plus de sept jours en mer. Les poissons sont alors triés par espèces et par catégories. Autrefois la vente à la criée de Roscoff se faisait à la voix mais, depuis 2005 la vente a été informatisée ; aujourd’hui, elle se fait même via internet, à partir de chez l’acheteur, qui désigne sa marchandise par un simple clic ! Les acheteurs peuvent ainsi à distance comparer et comparer les prix avec d’autres criées.

L’Académie de marine a été reçue par les maires de Morlaix, Mme Agnès Le Brun et de Roscoff, M. Joseph Seité. Tous deux exposent à la Compagnie leurs projets tant culturels qu’économiques pour leurs villes.

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