Éloge

Séance du 23 novembre 2016

Eloge de l’amiral Guy Labouérie

Cet éloge est prononcé par son successeur, le médecin général Jacques de Saint-Julien, en présence de Madame Labouérie et de sa famille. Né le 8 novembre 1933, dans une famille de dix enfants, sa première scolarité, rythmée par les affectations de son père, polytechnicien et officier du Génie, est suivie d’une admission au Prytanée militaire en vue de la préparation au concours de l’Ecole navale, qu’il intègre à l’âge de 20 ans. Après un début un peu difficile – « Ce n’est pas une grande Ecole, écrit-il, mais un pensionnat-monastère. » – sa vocation s’affirme et il acquiert le sens de la mer et des hommes ainsi qu’une expérience qui lui permettra de faire face aux différentes situations auxquelles il se trouvera confronté. Au retour de la campagne sur la Jeanne d’Arc en 1955-1956, il se marie avec celle qu’il nomme son « soleil » et fonde une famille. Protecteur attentif pour les siens, il s’occupe beaucoup de ses six enfants puis de ses seize petits-enfants. Sa vie de famille est faite, écrit-il, « de joie, d’échanges, de partage, de confiance et surtout beaucoup d’amour ».

Second du dragueur de mines Pollux, une campagne dans le Pacifique lui fait connaître le grand large : « … l’Océan et ses immensités, ce merveilleux océan qui, par ce temps, ces couleurs et son immensité est la définition même de la splendeur. C’est le terme et combien plus encore aux confins de ces mers du Sud qui ont fait rêver tant de jeunes garçons auxquels commencent à s’adjoindre maintenant des jeunes filles pleines de talent ! »

Revenu en métropole, il participe à l’armement de l’escorteur rapide Intrépide à Cherbourg puis est envoyé au Maroc pour y créer la Marine royale.

Après un temps passé à terre à l’Ecole des officiers armes sous-marine de Toulon il reprend la mer comme officier ASM de l’escorteur d’escadre Jauréguiberry et participe à l’évacuation de la base navale de Bizerte, opération au cours de laquelle il éprouve l’impression pénible d’un gâchis. En 1964, il gagne l’océan Indien à bord de l’escorteur rapide Le Provençal, dans une force opérant autour du porte-avion Foch.

Breveté de l’Ecole supérieur de guerre navale, il occupe des fonctions d’instructeur puis revient dans l’océan Indien comme chef d’état-major d’Alindien. Son dernier commandement à la mer est celui de l’escorteur d’escadre La Galissonnière dans la même région et, au retour, il publie son premier ouvrage : Dieu de violence, Dieu de tendresse, confrontation de la loi humaine avec la loi chrétienne.

Chef du bureau des Affaires internationales de l’état-major de la Marine puis contre-amiral adjoint opérations du commandant en chef pour l’Atlantique en 1986 et enfin commandant de la zone maritime de l’océan Indien, il poursuit sa réflexion entre l’action et la réflexion et publie les Leçons de l’océan, ouvrage dans lequel il réfléchit sur les grands sujets de l’histoire maritime à partir de l’étude du passé et débouche sur une conception élaborée et générale de stratégie. Cette passion pour l’histoire le rapproche de son beau-père, Michel Mollat du Jourdain, professeur à la Sorbonne et ancien président de notre Compagnie, avec qui il a de fructueux échanges.

Commandant de l’Ecole supérieure de guerre navale de 1990 à 1992, puis commandant du Centre d’études supérieures de la Marine il poursuit sa réflexion stratégique et la fait connaître dans La pensée et l’action, ouvrage dans lequel il développe trois sujets : une reconfiguration de l’Europe autour d’un nouveau projet ; la création d’une politique de défense commune pour celle-ci ; une société forte. Il précise sa vision sur ce dernier point dans son livre L’Israël de Judith, dans lequel il conclut : « Les Hébreux, soucieux de leur confort matériel et de leur survie physique, non content d’accabler leurs dirigeants, les poussent à accepter la démission générale de tout ce qu’ils ont cru et pour quoi ils ont vécu jusqu’ici, peuple trop vieux, trop fatigué d’histoire, de batailles, de souffrances et de peurs, se laissant aller à une philosophie d’opportunisme médiocre… ».

Après 39 ans de service actif dans la Marine, vice-amiral d’escadre, il est admis en 1992 dans la seconde section des officiers généraux. Il entame alors une seconde vie avec un enseignement de maîtrise de sciences économiques à l’Université de Rennes I et un cours à l’Ecole de commerce de Brest, tout en continuant à écrire bulletins, romans et poèmes et à placer l’avenir du monde dans l’espérance.

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