Éloge

Séance du 3 juin 2015

Éloge de Serge Markó (1926-2014)

Cet éloge est prononcé en présence de la famille de M. Markó par Mme Hélène Richard ; celle-ci succède à Serge Markó dans la section Histoire, lettres et arts.

Né à Paris, fils d’un Hongrois fixé dans cette ville et devenu créateur de mode de haute couture, Serge Markó commence à travailler à l’âge de 18 ans après avoir suivi l’enseignement de l’Ecole des arts appliqués à l’industrie et de la Grande Chaumière à Montparnasse, ainsi que les cours libres de l’Ecole des Beaux-Arts, qu’il fréquentera pendant toute sa vie. Il débute modestement durant la période difficile de l’après-guerre puis entre dans une agence de publicité où il réalise des affiches pour la compagnie UTA, pour Air France, pour Renault, … Il est alors très marqué par le style d’Albert Brenet, affichiste et peintre de la Marine depuis 1936.

En 1953, il se marie et, avec son épouse Nelly, ils seront parents de trois enfants.

En 1958, il crée avec l’un de ses collègues un studio d’arts graphiques qui connaît un grand succès (c’est l’un des trois plus grands de Paris) d’autant que, sachant anticiper sur les évolutions de ce métier, il y associe un plateau photographique, en faisant une véritable agence de publicité et recevant des commandes de clients importants comme La Redoute, les parfums Azzaro, Vallourec.

Il vend cette affaire en 1970 pour se consacrer à la création artistique. De nombreux prix et distinctions viennent alors récompenser ses travaux. Ainsi obtient-il, durant la seule année 1978, le premier prix au Salon du petit format pour une pointe sèche, la médaille d’or au Salon des artistes français pour la Gare de triage Pont-Cardinet, une médaille de bronze au Salon de la marine. Par la suite il reçoit encore de très nombreuses distinctions. Remarqué au Salon de la marine de 1980 pour les Thoniers de Saint-Guénolé, récompensé par une médaille de bronze, il est nommé en 1983 peintre officiel de la Marine et préside ultérieurement l’association durant plusieurs années. Il est aussi nommé en 1987 peintre officiel de l’armée de l’Air et en 1991 peintre officiel de l’armée de Terre, cumulant la rare reconnaissance de peintre officiel des trois armées.

Durant cette période, sa production est considérable. Elle suit généralement les embarquements ou les diverses visites liées à son activité de peintre officiel. Il considère ses fonctions comme des missions de reportage et ses travaux comme des comptes rendus ; aussi s’empare-t-il de tous les sujets de la vie quotidienne dans les divers corps où il se rend et travaille parfois dans des conditions difficiles, ainsi en Terre Adélie où le froid et le vent l’empêchent parfois de peindre.

Mme Richard poursuit cet éloge en montrant des reproductions de plusieurs de ses travaux (dont plusieurs seront publiées dans la prochaine livraison des Communications et mémoires) dont elle souligne la grande variété, tant dans le choix des sujets (avec un goût très marqué pour les constructions industrielles) que dans les techniques (dessin, aquarelle, huile, gravure, sculpture, …).

Serge Markó était fort attaché à notre compagnie. Il a souligné à plusieurs reprises le plaisir qu’il éprouvait à suivre ses travaux et, en avril 1999, il a prononcé une communication sur le littoral méditerranéen avec une peinture réalisée en direct. Puis il a donné celle-ci à l’Académie, accompagnée d’un petit texte ironique : « Au cours de la conférence donnée dans l’amphithéâtre Suffren, l’auteur a prouvé qu’il est simple de réaliser en quelques minutes un chef d’œuvre, malgré une démarche qui peut paraître très brouillonne aux néophytes spectateurs. Il suffit d’étaler largement, mais intelligemment, avec des boules de papier froissé, un peu de peinture appliquée directement sur la toile depuis quelques tubes de couleur judicieusement sélectionnés. » Il a encore invité à plusieurs reprises les membres de sa section à visiter son atelier en leur ouvrant avec gentillesse et chaleur ses merveilleuses collections, moment dont tous conservent un souvenir ébloui.

Son œuvre très importante est l’objet d’un ouvrage, publié en 2014 par GD éditions à Saint-Malo, dans lequel on trouve de nombreux dessins et des aquarelles conservées au Musée de la Marine. La qualité de son travail, la précision du trait et de l’exécution qui lui ont permis de réaliser de véritables reportages, entre autres sur la Marine et la richesse de ses activités, font l’unanimité. Mme Richard se déclare particulièrement sensible à ce que ses œuvres montrent de l’intérêt et du respect de Serge Markó pour le travail de ceux qui ont eu le plaisir de le côtoyer.

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