Voyages d'étude et visites

Vietnam

C&M 2 2017-2018

Du 10-03-2018 au 25-03-2018

Du 10 au 25 mars 2018 un groupe d’une quarantaine de membres titulaires et d’invités permanents a parcouru le Vietnam depuis Hanoï jusqu’à Hô-Chi-Minh-Ville (ex. Saigon) sous la direction du président Coldefy.


11 mars. – La journée commence par une promenade en cyclo-pousse à travers le vieux quartier artisanal et commercial d’Hanoï aux maisons basses avec des façades étroites (sur 3 m) et une disposition en longueur. Dans ces ruelles étroites encombrées de piétons et de cyclomoteurs tout s’achète et tout se vend dans une joyeuse bousculade et dans des parfums de citronnelle et des effluves de poisson séché. D’emblée le groupe est frappé par l’activité et la forte densité de la population (le nombre des habitants a triplé depuis 1954 passant de 30 à plus de 90 millions d’habitants pour une superficie de 330 000 km²). La visite se poursuit à travers le quartier officiel construit par les Français avec de belles maisons coloniales et des monuments, en particulier la cathédrale Saint-Joseph édifiée en style néo-gothique, l’opéra inspiré du palais Garnier de Paris, et l’hôtel Continental ; elle se poursuit par une promenade reposante le long du lac Hoan Kiem ou « lac de l’épée restituée », arme magique ayant permis de chasser les envahisseurs chinois.


12 mars. – Le groupe est reçu par l’ambassadeur Bertrand Lortholary, accompagné de plusieurs de ses collaborateurs. Dans une brève introduction S.E. Lortholary insiste sur l’évolution récente et rapide des rapports stratégiques en Asie orientale avec les relations tumultueuses entre la Corée du Nord et les Etats-Unis au Nord-Est ainsi qu’avec la forte poussée chinoise en Sud-Est. Avec ses 3 000 km de côtes sur la « mer de l’Est » (que les Français nomment « mer de Chine ») le Vietnam est au cœur des négociations de sécurité et il cherche des alliances pour contrer la puissance maritime de Pékin. L’escale du porte-avions américain Carl Vinson dans le port de Danang le 5 mars dernier et la visite récente du Secrétaire général du Parti communiste vietnamien à Paris témoignent de cette volonté.
Puis M. Andrew Hardy, directeur du centre de l’Ecole française d’Extrême-Orient à Hanoï, précise les grandes étapes de la construction nationale vietnamienne.

1° Il y a un millénaire, le territoire actuel était partagé entre trois dominations : au Nord, le royaume du Vietnam sous influence chinoise ; au centre, le royaume du Champa, avec une population d’origine indienne marquée par une influence malaise, qui rivalise avec le royaume khmer ; au Sud, le delta du Mékong sans unité politique, avec une population mêlée de Khmers et de Chinois.

2° Au début du Xème siècle les souverains de la dynastie des Ly, grands guerriers et administrateurs, anciens « maires du palais » Champa, forment le royaume bouddhiste d’Annam dont ils transfèrent la capitale à Hanoï ;

3° Au XVème siècle, après une période de domination chinoise, la dynastie des Lê restaure la domination vietnamienne mais, rapidement, sous la souveraineté théorique de l’empereur, l’autorité est partagée entre deux familles, les Nguyen en Annam et les Trinh au Tonkin. En 1802, Nguyen Anh s’empare du pouvoir impérial grâce à la force de son armée organisée et équipée par des militaires français recrutés en Inde par l’évêque Pigneau de Behaine. C’est le début de la pénétration des Français dans le pays. Enfin la Seconde Guerre mondiale fait naître la nation vietnamienne et des élites du Nord du pays, formées en Europe, rivalisent avec des élites du Sud, élevés dans des établissements catholiques, pour la formation d’un Etat national.

M. Olivier Sigaud, premier conseiller attaché à l’Ambassade, présente ensuite le Vietnam dans son environnement géostratégique contemporain. La question centrale est la place du Vietnam face à la Chine et les réponses (en particulier l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est et des partenariats stratégiques) sont plus ou moins évidentes : la priorité du pays est le développement économique, ce qui n’est pas sans dimension géostratégique.
Face à la Chine, le Vietnam est communiste et a vocation à le rester ; mais le Vietnam n’est pas chinois et n’a pas vocation à le devenir. La Chine est un modèle par son système politique et par son développement économique. Les liens de parti à parti sont importants pour la formation des cadres, l’idéologie, la doctrine, la propagande, le travail législatif et réglementaire. Mais l’équation stratégique bilatérale sino-vietnamienne est impossible à tenir : il y a le poids de l’histoire, les contentieux territoriaux et une asymétrie générale. Il y a aussi la pression de l’opinion publique vietnamienne, mais le gouvernement fait tout pour éviter le face à face stratégique suivant la recommandation de Michel Audiard : « Quand les types de 130 kilos disent certaines choses, ceux de 60 kilos les écoutent ! » et donc éviter le conflit. Mais il garde ses distances comme le conseille le même scénariste : « Quand on danse le slow avec quelqu’un qui chausse du 54, on finit inévitablement par se faire marcher sur les pieds. »
L’appartenance à l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est, rejointe en 1995, et qui était alors une entente régionale anti-communiste et libre-échangiste, est importante. Elle permet des relations de voisinage avec les dix membres, malgré des capacités diplomatiques limitées (57 ambassades, 18 consulats), mais elle favorise le développement économique et permet de faire bloc face à Chine. Mais l’entente est fragile, notamment en raison de l’influence croissante de la Chine, en particulier sur les puissances les plus faibles ; il y a aussi des dissensions internes et des tensions (ainsi avec la question des Rohingyas en Birmanie). Le Vietnam pourrait bien se retrouver seul au front face à la Chine.
Le Vietnam recherche des partenaires stratégiques. La Russie est un partenaire (historique) de référence depuis qu’il a soutenu le pays contre l’embargo mené par les Etats-Unis, mais l’avenir est incertain surtout s’il se formait un axe Pékin-Moscou. Avec les Etats-Unis, les relations diplomatiques sont normalisées depuis 1995, après la levée partielle de l’embargo économique décidée par l’administration Clinton en 1994 : l’embargo sur les armes a été totalement levé en 2016. Les Etats-Unis sont un partenaire économique majeur. Résumons : le Vietnam a besoin des Etats-Unis mais avant tout pour faire contrepoids à la Chine et sans braquer celle-ci. Le Japon, la Corée du Sud et l’Australie sont des partenaires stratégiques complémentaires. L’Inde est sans doute un partenaire stratégique d’avenir. La France a une place singulière, mais celle-ci n’est pas négative. Elle a des accès privilégiés avec des principes de droit et des normes hérités de la période française ; elle est une puissance maritime (deuxième zone économique exclusive, territoires dans l’océan Indien et le Pacifique, capacités militaires permanentes, autonomie stratégique) ; c’est peut-être le seul pays européen (avec le Royaume-Uni, et encore…) auquel le Vietnam accorde spontanément une véritable substance stratégique.
L’essentiel est le développement économique, comme le voulait la Chine il y a 25 ans. Il faut importer, assembler (main d’œuvre bon marché, disciplinée, avec niveau d’éducation élémentaire), exporter. Le Vietnam est très favorable au libre-échange avec l’ASEAN, la Russie, la Communauté économique européenne (accord en cours d’élaboration). C’est un instrument essentiel pour la stabilité économique, donc sociale.
Après une brève pause le colonel C. Talon, attaché de Défense, précise l’organisation des forces armées. Celles-ci sont fortes de 450 000 hommes auxquels on peut ajouter 5 millions de miliciens. Le parti communiste, seul autorisé, double toute la chaîne de commandement et, lors du dernier congrès du parti en janvier 2016, la tendance favorable à la Chine a obtenue la majorité des sièges. Enfin les militaires appartenant au parti sont nombreux dans les instances politiques : le Président de la République est un ancien militaire ; le ministre de la Défense est un ancien commissaire en chef de la Défense ; les militaires sont majoritaires dans le politburo. Le matériel est obsolète et ne permet pas de répondre à la menace chinoise ; ainsi en est-il pour les quatre sous-marins, « fer de lance » de la marine vietnamienne, et pour les garde-côtes. Le Vietnam est hostile à toute alliance militaire et à l’installation de bases militaires à l’étranger ; le principe est qu’il ne veut compter sur quiconque pour combattre un autre.
La discussion du moment sur la limite de la zone exclusive du Vietnam dans la « mer de l’Est », alors que la Chine installe des ports, des pistes d’aviation et des polders sur les îles Paracels et Spratley, montre l’ambiguïté des relations entre les deux puissances.
M. Ochsenbein, conseiller économique, donne quelques chiffres sur la présence commerciale et financière française au Vietnam. La France vend pour un milliard d’€, essentiellement de l’aéronautique ; elle achète pour 3 milliards d’euros de matériel téléphonique (Samsung), de textiles et de chaussures. Elle est aussi le second investisseur européen dans le pays, derrière le Royaume-Uni, et en relation avec une croissance économique rapide (autour de 5,5 % par an) depuis 1990.
Plus généralement, il insiste sur la « bombe » démographique provoquée par la forte augmentation de la population ; actuellement, 70 % de la population est en âge de travailler (entre 15 et 65 ans) et 7 % des Vietnamiens ont plus de 65 ans. Ils seront 13 % en 2030 et il faut prévoir une organisation de retraite.
M. Alexandre Bouchot, attaché de coopération agricole, précise la situation de la pêche. Avec 3 000 km de côtes et 400 îles la région est propice à la pêche et à l’aquaculture. Les prises annuelles s’élèvent à 800 000 t par an, ce qui est important, mais le nombre diminue tandis que la production d’aquaculture augmente. Les produits de la mer fournissent une grande part de l’alimentation de la population et 4 à 5 % sont exportés. La pêche emploie environ 4 millions de personnes et son industrialisation progresse.
C’est donc un secteur économique de grande importance pour le pays, mais il reste de lourdes difficultés, en particulier le respect des normes sanitaires, le développement de productions durables et l’application des sanctions pour la pêche illégale (15 à 20 % des captures).
Les Français sont encore très largement impliqués dans des collaborations scientifiques avec les Vietnamiens. L’Institut de recherche pour le développement (IRD) mène des actions de recherche et de formation dans les domaines de l’environnement (en particulier en océanographie) et des ressources ainsi que de la santé. Parallèlement, il poursuit des actions d’enseignement et d’encadrement d’étudiants et de jeunes chercheurs vietnamiens. L’Agence française pour le développement met en œuvre une politique de préservation des ressources en eau douce en réponse aux intrusions salines provoquées par le changement climatique. L’Ecole française d’Extrême-Orient, revenue dans le pays depuis 1993, poursuit des programmes de recherche en archéologie et en histoire tout en participant à la formation des futurs chercheurs ; elle continue sa longue tradition de préservation du patrimoine matériel et immatériel.


13 mars. – Cette journée est consacrée à la découverte du site de Diên Biên Phu à 475 km de Hanoï. Après l’observation de la fameuse « cuvette » au centre de laquelle se trouve le terrain d’aviation, entouré par les « collines fortifiées » et dominé par des reliefs montagneux impressionnants, la visite se poursuit au « musée de la Victoire » avec une présentation intéressante et instructive de la bataille accompagnée de nombreux clichés de l’époque et d’armes ou d’objets usuels retrouvés sur le terrain ou chez des vétérans (ainsi le cycle Peugeot renforcé de bambous servant à transporter le matériel de guerre). Le groupe se rend ensuite sur la colline Eliane 2 où l’on peut voir les restes dramatiques des tranchées où vécurent les derniers soldats français avant l’assaut final.


14 mars. – Durant la matinée la visite se poursuit au Q. G. semi enterré du général de Castries reconstruit après les destructions de 1954. Au-delà le groupe se rend au monument simple et émouvant du Souvenir des officiers et soldats de l’armée française, érigé en 1994. Le président Coldefy, après avoir rappelé le contexte de cette bataille tragique marquant la fin d’une époque, dépose une plaque du souvenir et appelle à une minute de silence.
Au début de l’après-midi la délégation de l’Académie regagne Hanoï après une halte dans un village Thai où les balcons des maisons sur pilotis sont décorés de motifs aux couleurs vives.
La journée s’achève par la visite du quartier ouest de Hanoï, centre de la vie politique et administrative du Vietnam. La vaste citadelle, grande esplanade entourée de murs fortifiés, est le centre du pouvoir depuis la fondation de l’empire en 1010 ; des fouilles importantes conduites par l’Ecole française d’Extrême-Orient ont mis au jour des témoignages de grande qualité artistique de cette longue histoire. Vient ensuite le monumental « temple de la littérature », centre d’enseignement et de formation pour le concours du mandarinat, puis une ample construction moderne, siège du pouvoir exécutif et du pouvoir législatif (les « esclaves du peuple ») ; puis sur l’autre côté d’une grande esplanade le palais présidentiel, ancien palais du gouverneur de l’Indochine ; le mausolée de Hô Chi Minh ; la pagode du pilier unique, élégant et admirable bâtiment édifié au XIème siècle au centre d’un étang où fleurissent les lotus.


15 mars. – Cette journée est consacrée à la visite du port de Haiphong, aménagé par les Français à partir de 1874 sur un bras de l’estuaire du Fleuve Rouge pour permettre la desserte de Hanoï. C’est maintenant le second port du pays et le 33e mondial de conteneurs avec 4,45 millions en Equivalent Vingt Pieds en 2017. Notre groupe est reçu par le directeur général adjoint du port et celui-ci apporte quelques précisions : 1°. Le port militaire reste important à côté du port de conteneurs. 2°. Le chenal de 7 m de profondeur est insuffisant et un port en eau profonde est en cours d’aménagement ; en attendant la fin des travaux il est nécessaire de procéder à un transbordement partiel pour décharger la cargaison. 3°. C’est le seul port du pays ayant une desserte ferroviaire (mais les ports de Chine du Sud disposent aussi de cette desserte). 4°. Le trafic de conteneurs représente 60 % du trafic et on compte, toutes cargaisons confondues, 60 % aux importations et 40 % aux exportations. Il n’y a pas d’aménagement pour le trafic des fluides. A l’issue de cette présentation il est procédé à une visite des bassins.
Sur le chemin du retour vers Hanoï quelques arrêts permettent de comprendre la technique de la culture irriguée du riz, principale ressource agricole du pays. L’entrée dans la ville s’effectue par un pont sur le Fleuve Rouge, parallèle au célèbre pont Doumer.


16 et 17 mars. – Durant ces deux jours la délégation de l’Académie est embarquée sur une jonque et parcourt la baie d’Along située au sud d’Hanoï. C’est un paysage étrange de plus de 2 000 récifs calcaires de tailles et de formes très diverses dont certains sont évidés par des grottes. Dans une légère brume l’atmosphère change constamment et laisse une impression inoubliable. Une leçon de Tai-Chi sur le pont au soleil levant est un souvenir inoubliable. La réputation de ce paysage, l’un des plus célèbres de l’Asie, inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO et popularisé en France par le film Indochine, est parfaitement mérité. C’est le moment le plus mémorable de notre voyage.


18 mars. – Dans la soirée du 17 mars le groupe rejoint le rivage afin de prendre un vol à destination de l’aéroport de Danang, puis il gagne la cité de Hoi An, ancien port fréquenté par les négociants chinois, japonais et européens. Le jésuite missionnaire Alexandre de Rhodes, originaire d’Avignon et éminent linguiste, est célèbre dans le pays pour avoir « latinisé » la langue vietnamienne en créant un alphabet vietnamien. Dans la seconde moitié du XVIIIème siècle l’ensablement du port conduit à son abandon et l’activité de la petite cité décline. Mais elle conserve ses temples et autres bâtiments anciens en particulier un pont couvert japonais édifié au XVIème siècle, ainsi qu’une activité artisanale traditionnelle.
Le voyage se poursuit en direction de la ville de Hué par la route sinueuse menant au col des Nuages offrant des vues spectaculaires sur la belle rade de Danang (Tourane pour les Français qui s’y établissent à la fin du XVIIIème siècle).


19 mars. – La journée est consacrée à la visite de l’ancienne capitale impériale enfermée dans une enceinte fortifiée de 10 km construite « à la Vauban » par des ingénieurs militaires français au début du XIXème siècle. La ville est partagée en trois enceintes concentriques : la ville impériale, la cité royale, la cité interdite. Les monuments de cette dernière ont été en majeure partie détruits lors de l’offensive du Têt de 1968. Le temple du culte des empereurs Nguyen, sorte de Panthéon du culte royal (mais l’avant-dernier empereur, exilé par les Français, est enterré en Dordogne), bien restauré, donne une idée de la splendeur des édifices dont la reconstruction est en cours. Dans l’après-midi le groupe se rend au tombeau de l’empereur Minh-Mang, construction traditionnelle de grande qualité, édifié dans un beau jardin ; au voisinage, le tombeau de Khai Dinh, père de Bao Dai, construit en style vietnamien interprété dans le goût européen, est un élément curieux d’architecture.


20 mars. – Cette journée est consacrée à la découverte de la ville de Saigon, devenue Hô-Chi-Minh-Ville en 1976, abritant plus de neuf millions d’habitants, capitale économique du pays et 25e port mondial pour le trafic des conteneurs avec 5,94 millions d’EVP.
L’urbanisme est très marqué par l’influence française, avec des rues et des avenues rectilignes se croisant à angle droit, avec des bâtiments imposants, ainsi le palais du gouverneur de la Cochinchine dont l’architecture rappelle celle du Petit Palais de Paris ; la poste centrale édifiée sur les plans de Gustave Eiffel, où l’écrivain public nommé par l’administration française poursuit son activité à l’âge de 96 ans ; la cathédrale en style néo-roman (avec deux vitraux en l’honneur de Sainte-Anne, patronne de la Bretagne) ; le théâtre, l’ex-rue Catinat, et un grand nombre de bâtiments officiels ainsi que de villas dans le goût colonial et de beaux jardins publics.
Le mouvement de construction contemporain est très actif, les anciennes maisons basses sont remplacées par des immeubles modernes de bureaux et d’habitation de grande hauteur avec des revêtements de verre. Le mouvement des deux-roues est incessant et la circulation n’est pas facilitée par la présence du chantier du métro.


21 mars. – Au début de la matinée le groupe de l’Académie se rend à la Résidence, bel exemple de l’architecture coloniale française de la fin du XIXème siècle, construit par des ingénieurs de la Marine pour le gouverneur de la Cochinchine, aujourd’hui siège du consulat général. Le consul Vincent Floreani, contraint d’assister à une cérémonie officielle, prononce quelques mots de bienvenue, et transmet la parole à son adjoint, M. Vincent Gonot, pour diriger la visite du bâtiment, puis à M. Guillaume Crouzet, directeur général de la Chambre de Commerce et d’Industrie française au Vietnam, qui présente celle-ci.
C’est une association de droit local à but non lucratif, affiliée au réseau mondial des CCI France International, regroupant plus de 280 entreprises (80 % au sud et 20 % au nord du pays), membres pour la plupart de filiales de sociétés françaises ou d’entreprises crées par des Français au Vietnam. Avec ses 14 collaborateurs, elle facilite l’échange d’informations et d’expériences entre ses membres, ainsi que les échanges de biens, services et capitaux entre le Vietnam et la France ; elle conseille les sociétés françaises à chaque étape du développement de leurs activités dans le pays.
M. Crouzet achève son propos par quelques informations. La balance commerciale entre les deux pays est bénéficiaire pour le Vietnam qui vend pour 4 milliards d’euros (4 G€), soit des textiles et des chaussures (1,5 G€), du matériel électronique Samsung, des fabrications artisanales et surtout du mobilier de jardin, des produits agro-alimentaires en particulier des crevettes et autres produits de la mer. Les Français vendent pour 1,5 G€ des Airbus (A 320 et A 350), des produits pharmaceutiques (Sanofi présent au Vietnam, Servier, Urgo, …), des produits agro-alimentaires, en particulier du vin et des produits finis, ainsi que du matériel agricole.
En réponse à une question, M. Crouzet précise que l’image de la France est bonne dans le pays et que le Vietnam procède à une libéralisation de son économie (mais non à une libéralisation politique).
Durant l’après-midi le groupe se rend au chantier Piriou, implanté sur un bras du Mékong, où il est accueilli par M. Jean-Pascal Roche, directeur de l’entreprise. Celle-ci est implantée dans le pays depuis 14 ans (elle y a été attirée par le faible coût de la main d’œuvre) et elle emploie actuellement 250 ouvriers. Après avoir construit des bâtiments pour la desserte des plates-formes pétrolières ainsi que des thoniers, elle lance maintenant des palangriers de 20, 43 et 60 m ainsi que des bâtiments de service. La visite s’achève dans un remorqueur de 54 tonneaux de jauge brute (tjb) et 53 m commandé par le port de Fort-de-France.


22 et 23 mars. – Ces deux journées sont consacrées à la découverte du delta du Mékong, région la plus densément peuplée du pays. C’est une immense plaine alluviale irriguée, consacrée essentiellement à la culture du riz et, dans une moindre mesure, celle du riz. Grâce au Mékong, le Vietnam est le premier exportateur de riz dans le monde (ou le second après l’Inde). Après le départ de Saigon une première étape est marquée dans le bourg rural de Sa Dec, « le jardin de la Cochinchine » célèbre par ses aréquiers et surtout par L’Amant de Marguerite Duras, récit de la rencontre passionnée puis de la séparation de l’adolescente avec un jeune Chinois. Après une nuit passée à Can Tho, principale ville du delta, le groupe s’embarque à la découverte du plus vaste marché flottant du pays où les cultivateurs de la région négocient avec des grossistes l’achat de pastèques, melons, patates douces, oignons… dans une ambiance animée et haute en couleurs, tandis que des vendeurs proposent des bols de soupe Phô.


24 mars. – Après le retour à Saigon et avant l’embarquement à destination de Paris le groupe visite deux musées de grande valeur. Le musée d’histoire du Vietnam organisé par des archéologues français est divisé en deux parties. La première est chronologique, depuis les premiers témoignages d’installation humaine dans le pays, il y a 500 000 ans, jusqu’à la fin de la dynastie des Nguyen en 1945. La salle consacrée à la sculpture Champa (IIème-XVIIème) est particulièrement intéressante et originale. La seconde partie retrace l’extension du bouddhisme dans la péninsule indochinoise avec la présentation d’œuvres d’art de grande qualité. La dernière salle est consacrée aux 54 groupes ethniques présents au Vietnam. Le musée d’histoire de Hô-Chi-Minh-Ville, abrité dans le spectaculaire palais du gouverneur de la Cochinchine, présente une belle collection de clichés photographiques sur la vie quotidienne et l’activité du port sous la domination française. Le premier étage expose une collection d’objets et de représentations de la vie quotidienne dans les maquis et de la lutte contre les Français, puis contre les Américains.

Retour

Copyright © 2011 Académie de marine. Tous droits réservés.