Voyages d'étude et visites

Salon international de l’Aéronautique et de l’Espace du Bourget

C&M 3 2016-2017

Du 22-06-2017 au 22-06-2017

Compte rendu rédigé par l’amiral Jacques Petit, ancien secrétaire général de l’Académie.


Un groupe de douze membres et invités permanents de l’Académie de marine ont visité le Salon de l’Aéronautique et de l’Espace le jeudi 22 juin 2017 sur l’invitation du GIFAS.

La visite a débuté par une visite au Paris Air Lab constitués de vingt-deux ilots consacrés aux nouvelles technologies et à l’innovation. Retenons le projet Eole de lanceur spatial : un drone stratosphérique emporte en ventral une fusée, larguée en altitude, qui emporte un satellite de faible masse, comme les satellites galets ou Pebbles ; il sera expérimenté à Kourou en Guyane en 2018. Voici aussi, présenté par le CNES, les recherches concernant le remplacement de l’hydrazine, cancérigène et dangereux, par un liquide ionique sans danger et plus impulsif ; il sera embarqué sur satellite en 2022. La société Géoflex quant à elle corrèle les signaux des systèmes de navigation par satellites des systèmes Navstar,Galileo, Glonass, Beidou avec l’espoir de réduire l’imprécision géographique à 4 cm partout dans le monde.

La visite de la société Thales commence à un très haut niveau sous le signe de la connectivité par les nombreux travaux de recherche menés sur le plateau de Saclay sous la tutelle intellectuelle et éminente de Mme Julie Grollier. Elle se poursuit sous la direction de l’amiral (2s) Stéphane Verwaerde, conseiller du président de la société, convaincu que ce qui donnera la supériorité militaire dans les dix prochaines années est la supériorité informationnelle des systèmes, équipements et des vecteurs, la spécialisation et la numérisation des senseurs jusqu’aux antennes, le traitement massif des données (big data), l’interconnexion des senseurs, le recours à l’intelligence artificielle et aux moyens automatisés de combat. Mme Sarah Dehez présente ensuite la famille des drones de la société du Spyranger tactique, le Watchkeeper, au drone de moyenne altitude et de grande autonomie (MALE) en passant par l’hélidrone VSR 700. A noter le ballon captif Statobus, pseudo-satellite, placé à 50 km d’altitude au-dessus des zones désertiques, assurant des services quasi spatiaux. Le système de traitement de données AMASCOS, équipant les avions de surveillance maritime turcs et japonais, interconnectable aux systèmes de combat des navires, est ensuite présenté.

Le vice-amiral d’escadre (2s) Richard Wilmot-Roussel, membre de l’Académie, fait part au groupe des préoccupations de la société Dassault-Aviation. A l’export, le Rafale a été choisi par l’Inde, l’Egypte, le Qatar ; 80 avions seront construits en plus de trois années. Pendant ce temps, aucun Rafale ne sera livré à la Marine ou à l’Armée de l’air, conformément à la loi actuelle de programmation militaire. Les commandes reprendront-elles pour les armées françaises ensuite ? Dassault-Aviation gardera-t-il une activité militaire ? Notre guide fait ensuite le point sur la mise au standard des quatre Falcon 50 de la Marine sur un parc de huit qui permettent de décharger les Atlantique 2 de certaines missions antisurface. Le choix en son temps de cet avion par le Service central de l’Aéronautique navale s’est révélé particulièrement heureux. Le Falcon 2000 a été adopté par les gardes côtes japonais et les premiers avions reçoivent actuellement leur système de mission chez L3Com aux Etats-Unis. Dassault-Aviation est partie prenante de l’étude technico-opérationnelle sur la patrouille maritime future qui combinera des moyens satellitaires, des avions pilotés et des drones. Le combat aérien futur combinera lui aussi des avions pilotés et des drones. Dans la suite des accords de Lancaster House une réflexion est en cours avec les Britanniques qui débouchera sur un aéronef expérimental vers 2019. L’avenir des avions de combat en Europe est particulièrement inquiétant, car les budgets de la défense de nombreux pays européens sont asséchés par leurs participations au programme du chasseur Joint Strike FighterF-35 américain dont la mise en service ne cesse d’être retardée.

Au chalet du Ministère des Armées, l’ingénieur général de l’Armement Eric Bruni présente les programmes en cours, autour du Rafale et l’évolution qu’apporte l’emploi du pod reco NG à la reconnaissance, présenté par un lieutenant de l’escadron 2/30 Normandie-Niemen. La préparation du futur est illustrée par les études concernant la suprématie aérienne à partir de quatre thèmes : objets connectés, capteurs intelligents, intelligence artificielle et réalité augmentée. Des PME sont impliquées dans ces études aux côtés de grands groupes. A l’extérieur sont présentés le Rafale Air, les hélicoptères NH 90 et Caracal.

Le général de division aérienne William Kurtz accueille le groupe sur le stand de la société SAFRAN, rappelant tout d’abord l’origine de cette société ; il rappelle ensuite que l’accord entre General Electric et la SNECMA, devenu SAFRAN aircraft engines, a conduit à la construction de 25 500 moteurs CFM 56 ; le moteur LEAP, en développement par le même groupe, est destiné à équiper les avions monocouloirs de type A320 ou Boeing 737 ; cette société développe et produit le SaturnM146 pour motoriser l'avion régional Superjet 100 de Sukhoi. Elle développe le réacteur Silvercrest pour l’aviation d’affaire de Dassault. Voici encore le turboréacteur M88 du Rafale de la classe des 7,5 tonnes de poussée. Si les performances du moteur donnent satisfaction aux opérationnels, sa maintenance modulaire engendre de nombreuses déposes et des ruptures de stocks de certains modules sont source d’indisponibilité. Cinquante turboréacteurs M88 sont construits pour les Rafaleexports chaque année. Le soutien du M53 des Mirage 2000 génère encore une activité notable de soutien industriel. Voici enfin le TP400, turbopropulseur le plus puissant du monde occidental, monté à quatre exemplaires sur chaque avion de transport militaire A400 M, et dont les défaillances de réducteur viennent d’être résolues. L’échange standard de ce turbopropulseur sur avion demande 4 à 5 jours ce qui est prohibitif. Le général de division aérienne William Kurtz rappelle ensuite rapidement les autres activités du groupe SAFRAN, constructeur de centrales à inertie, de périscope, de boules optroniques Eiuroflir, de drones tactiques comme le Patroller et des bombes AASM de 250 kg propulsées ou non et aux têtes multiples.

Au stand de la société Airbus, M. Erwan Le Calvez invite le groupe à entrer dans la « digital exhibition » et certains coiffent les casques qui permettent d’explorer en réalité virtuelle les activités du groupe. Sur un mur de projection interactif, il présente ensuite le futur drone VSR 700, issu de l’hélicoptère Cabri G2 de la société Guimbal, dont les premiers vols autonomes viennent d’avoir lieu avec un pilote de sécurité jusqu’à l’appontage. Des fonds européens ont permis en effet de relancer le projet de système d’hélidrone Orka de 700 kg, lancé en 2003, emportant radar et moyen optronique, afin d’effectuer pendant 6 heures la surveillance antisurface jusqu’à 100 milles d’un bâtiment porte-hélicoptères. Il pourrait aussi larguer des bouées sonores et servir de relais radio en lutte anti-sous-marine. Ce projet avait été retenu comme système de drone aérien de la Marine (SDAM) en 2008 sans que le financement promis ne suive. Le contre-amiral Jacques Petit s’y était beaucoup impliqué et fut très heureux d’apprendre lors de cette visite que ce programme continuait dans la définition initiale.

Sur l’exposition statique, en plus du VSR700, M. Erwan Le Calvez présente les autres drones d’Airbus : le drone MALE SIDM ou Harfang en service dans l’Armée de l’air, les drones tactiques DVF 2000 VT Aliaca, DVF 2000 ER Arrano lançables par catapulte et récupérables par filet, et le Quadcruiser issu d’un développement co-créatif original.

Cette année le salon ne révèle pas de nouveau programme d’ampleur mais une floraison de recherches brillantes et surprenantes caractéristiques du milieu aéronautique. Dans certains stands tout est proposé par des panneaux numériques : système de systèmes, concepts innovants, Intelligence artificielle, automatisation des vecteurs, traitement massif de donnés ! Heureusement, d’autres stands et les expositions statiques nous ramènent à l’aéronautique : équipements, aéronefs et hélicoptères conventionnels, côtoient la grande variété innovante de drones militaires.

Dans la touffeur du milieu du jour les membres et invités permanents de l’Académie de marine étaient invités à un rafraîchissement au chalet de la société ODAS et ont assisté au meeting aérien quotidien commençant par une démonstration des plus brillantes du Rafale, réchauffe en fonction. Peu après suivait l’Airbus A380, vaisseau aérien impressionnant surprenant l’assistance par son agilité majestueuse.

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