Voyages d'étude et visites

Suède

C&M 3 2016-2017

Du 15-05-2017 au 20-05-2017

Lundi 15 mai

L’après-midi est consacré à la visite de la capitale en bateau suivant le programme « Sous les ponts de Stockholm », permettant de parcourir aisément les différents quartiers de cette ville, construite sur près de quatorze îles ou îlots, reliés entre eux par de nombreux ponts et une ligne de métro. La présence constante de l’eau et la grande étendue des espaces verts qui occupent plus du tiers de la surface sont un élément marquant du paysage. Sites industriels, habitations de qualité, résidences aristocratiques et musées se conjuguent avec bonheur pour composer une cité dominée par les activités maritimes. Après l’embarcadère de la grande place, face au palais royal (édifié sur les ruines d’une ancienne forteresse dont la présence explique le choix de cette ville pour capitale), à proximité de la vaste salle dans laquelle les prix Nobel sont proclamés, nous parcourons la vieille ville, puis les nouveaux quartiers jusqu’à l’écluse par laquelle le lac Mälaren se déverse dans la Baltique.

En fin de journée le groupe répond à l’invitation à dîner adressée par l’Académie royale suédoise des sciences navales. Il est accueilli à bord du M/S Seglarkronan, amarré à un quai de l’ancien arsenal, par le président Michaël Zell accompagné du bureau et de deux anciens attachés de défense auprès de l’ambassade de Suède à Paris.


Mardi 16 mai

Le matin est consacré à la visite du très beau musée Vasa, installé au centre de la ville. Le Vasa, navire de guerre portant 64 canons, lancé à Stockholm en août 1628, fait naufrage immédiatement après sa mise à l’eau. Renflouée en 1961, l’épave est exposée sur le site de la construction. La visite est dirigée par le conservateur Fred Hocker, auteur d’un excellent ouvrage sur la construction, le naufrage, le renflouement et la restauration du navire. Il commence par un exposé sur l’histoire de la Suède à l’époque, marquée par la forte personnalité du roi Gustave-Adolphe – le « lion du Nord » – qui dote le pays d’une administration moderne, crée une armée nationale recrutée dans le pays dont il développe par ailleurs la force militaire, avec des ateliers de fabrication d’armes et un chantier de construction navale. Au nom de sa croyance protestante il intervient dans la guerre de Trente Ans contre les Impériaux et se trouve ainsi du même côté que les Français. Le traité de Westphalie de 1648, signé après la disparition de Gustave-Adolphe, tué au combat, consacre ses victoires. La Suède et la France deviennent de grandes puissances en Europe. M. Hocker poursuit son exposé avec des explications sur la pratique de la navigation et sur les conditions de la vie quotidienne à bord. La partie la plus originale de son intervention est la présentation du programme de puissance et de gloire de la monarchie suédoise développé à travers plusieurs centaines de sculptures.

Au début de l’après-midi le groupe se rend à l’Ambassade de France où il est accueilli par M. Gilles Barrier, premier conseiller. Celui-ci souligne la proximité politique entre la France et la Suède avec des points de convergence qui n’excluent pas des franches discussions. Les relations économiques sont actives : la Suède est en bonne santé économique avec une croissance de 3 % par an, un excédent commercial et un taux de chômage inférieur à 7 %, si bien que la France lui apparaît comme une terre d’investissements (près de 65 000 emplois en France dépendent de capitaux suédois). Les relations culturelles sont actives bien que la France apparaisse parfois comme une société passéiste ; le festival « Paris et la France » organisé en 2016 a eu du succès et a laissé l’impression d’un pays intéressant et stimulant, proche de la Suède malgré des différences culturelles.

Puis le premier conseiller donne la parole au capitaine de vaisseau Fabrice Cohéléach, attaché de défense, ancien pilote de l’Aéronautique navale, en poste à Stockholm depuis 2015, après trois années à l’Agence européenne de défense et trois autres près de l’administration centrale. L’accueil des migrants est le principal débat en ce moment en Suède. En 2015 le pays en a reçu 163 000, ce qui est beaucoup (par comparaison avec la population en Suède et en France, ce serait l’équivalent d’un million pour notre pays), et la politique d’intégration est généreuse, car les migrants sont entretenus durant cinq années tout en recevant une formation. C’est trop cher et la Suède met en place un contrôle de ses frontières pour la fin de l’année.

La politique de défense est en discussion. Jusqu’à présent les Suédois sont plutôt attentistes. Le pays n’est pas membre de l’OTAN, mais il en est proche avec des relations assez étroites ; le parti démocrate est divisé entre des anciens hostiles à l’adhésion et des jeunes favorables. Cependant il a un accord bilatéral avec la Norvège, membre de l’OTAN et il entretient des relations étroites avec les Etats-Unis ; ces dernières sont confirmées depuis l’élection de Donald Trump, par une déclaration du vice-président américain : « Le territoire suédois est inviolable ». Le débat principal est l’augmentation du budget de la Défense actuellement établi à 1,2 % du PNB. Le personnel de la Défense, actuellement 52 000 personnes dont 22 000 actifs, est renforcé par le recrutement de 10 000 personnes. La difficulté est la mobilité des recrues car les jeunes Suédois préfèrent vivre dans les villes plutôt que dans des régions rurales. En ce moment la question de l’armement devient essentielle car les Suédois sont contraints de faire appel à la coopération internationale à la suite de l’échec relatif d’une tentative pour installer les fabrications dans le pays. La Suède a donc une politique active de vente (1 milliard €) et d’achat de matériel militaire ; elle collabore par exemple avec Safran pour la construction de moteurs de sous-marins, avec Dassault pour du matériel aéronautique ; elle discute d’un programme de défense anti-aérienne avec la construction de missiles SAM-T en concurrence avec Patriot.


Mercredi 17 mai

Au début de la matinée le groupe prend l’avion à destination de l’aéroport de Ronneby, proche de la base navale de Karlskrona, située dans le sud du pays. Sur la route entre l’aéroport et la ville, il accède à la base aérienne F 17 de l’armée aérienne suédoise afin de prendre connaissance de quelques-uns des appareils de celle-ci et surtout deux hélicoptères : les HKP-15B et le HKP14B. Le premier est un Power A 109 Agusta-Westland avec 4 pales, bimoteur léger (3 tonnes) d’emploi général embarquable pour des opérations maritimes. Le second est le NH90 en version TTH, équipé comme des NFH (lutte anti-surface et anti-sous-marine) avec 4 pales, bimoteur moyen (10 tonnes), équipé du sonar actif Flash de Thales, du radar AN/APS-143B Ocean eye et de la liaison 11 qui est activée lors d’exercices avec l’OTAN (renseignements donnés par J. Petit). Par ailleurs le groupe est survolé à plusieurs reprises par un avion de chasse Saab JAS-39 Gripen en mission d’entraînement.

L’après-midi est consacrée à la visite de la base navale de Karlskrona, la plus importante de la marine du pays, et le groupe est accueilli par le commandant, capitaine de vaisseau Erik Andersson. Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale la mission de la marine suédoise est la défense des côtes du pays. C’est donc une petite marine dans laquelle les vaisseaux de combat les plus importants sont des corvettes lance-missiles, actuellement au nombre de 9 ; il y a aussi 7 patrouilleurs, 5 chasseurs de mines, 4 dragueurs de mines et 5 sous-marins SS, soit un total de 13 500 tonnes. Elle emploie 6 000 personnes dont 1 600 officiers et 350 civils. Ce format réduit n’empêche pas la marine suédoise d’intervenir dans des missions lointaines de paix à la demande de l’ONU, ainsi en Afghanistan en 2001, puis au Kosovo.

A l’issue de cet exposé la visite se poursuit au centre de recherche et formation en médecine navale, médecine des sous-marins et surtout médecine de la plongée humaine et des interventions sous-marines, ce département particulier étant très bien équipé avec deux caissons hyperbares. 260 personnes travaillent dans ce centre qui dispense des enseignements poussés jusqu’à quatre années d’études ; il est en relation avec les centres de médecine navales analogues en Europe occidentale, en particulier en France. A la fin de l’après-midi le groupe admire le très beau local de la bibliothèque de l’Académie royale de Marine, placée sous la direction de M. Nilsson assisté de M. Ohlsson, et forte d’environ 700 ouvrages, surtout de marine militaire, sciences, droit maritime et histoire (avec des récits de voyages français de la seconde moitié du XVIIIe siècle, parmi lesquels celui de La Pérouse et celui d’Entrecasteaux à la recherche de La Pérouse). A la suite le commandant de la base et les officiers de son état-major accueillent notre groupe au cercle naval.


Jeudi 18 mai

Au début de la matinée le groupe se rend à la belle demeure du célèbre constructeur Chapman, auteur d’un Traité de la construction des vaisseaux publié au milieu du XVIIIe siècle, apprécié dans toute l’Europe. Depuis cet édifice situé au milieu d’un grand parc on a une vue très large sur la baie de Karlskrona et on comprend mieux l’intérêt du site.

La ville a été fondée en 1680 par le roi Charles XI (La couronne de Charles) pour implanter la principale base navale du pays. La baie est partiellement fermée par une série d’îles permettant de protéger le port ; sa position méridionale évite une longue paralysie par la glace.

Construite ex nihilo sur un plan d’ensemble élaboré par Erik Dahlbergh – le « Vauban suédois » – elle conserve, à l’instar de Rochefort, une forte cohérence architecturale qui l’a fait inscrire sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO. A côté de nombreuses défenses et fortifications la partie résidentielle de la ville est construite sur un plan régulier « hippodamien », atténué par quelques diagonales pour tenir compte des accidents topographiques. Les bâtiments sont construits dans un style baroque très homogène. Le bâtiment central est l’église construite vers 1690 sur un côté de la place principale.

La ville compte environ 35 000 habitants et la marine est toujours le principal employeur. Le chantier naval géré par Kockums connaît actuellement d’importantes difficultés et la municipalité développe des industries de haute technologie avec Ericsson et Telenor, en relation avec un institut technologique donnant une formation de qualité.

Le circuit se termine au Musée maritime récemment rénové. Plusieurs salles particulièrement intéressantes présentent les modèles anciens conservés auparavant dans la collection de l’arsenal ; d’autres salles aménagées selon les principes de la muséologie moderne montrent l’histoire de la marine suédoise.


Vendredi 19 mai

La matinée est occupée par le transfert en autocar depuis Karlskrona jusqu’à Malmö dans le paysage rural éclatant du printemps.

L’après-midi est consacrée à une rencontre avec l’Université maritime mondiale (World Maritime University). Cet établissement a été fondé en 1983 à la demande de l’Organisation Maritime Internationale, agence spécialisée des Nations Unies, afin de développer le nombre et la qualité d’experts maritimes de haut niveau dont le manque se faisait sentir, particulièrement dans les pays peu développés. En son temps ce projet a reçu le patronage de diverses institutions parmi lesquelles notre Académie. Le gouvernement de la Suède a encouragé son installation à Malmö dans un édifice ancien parfaitement rénové et bien adapté à un enseignement universitaire de haut niveau.

Notre groupe est accueilli par Mme Cléopatra Doumbia-Henry, présidente, et M. Neil Bellefontaine, vice-président, ainsi que par quelques membres du corps enseignant, qui précisent l’organisation et les objectifs de cette université. Celle-ci accepte seulement des étudiants ayant entamé des études dans un domaine maritime et titulaires d’une licence ou d’un diplôme universitaire de niveau équivalent ; une expérience pratique est appréciée. A l’issue de deux années d’études l’université délivre un master en affaires maritimes ; l’enseignement est donné en anglais par un personnel enseignant spécialisé originaire de 14 pays avec en outre des prestations complémentaires d’invités venus du monde entier, experts de l’industrie, du monde académique, des administrations maritimes et des organisations internationales. Les principaux thèmes abordés sont l’administration maritime générale et la protection de l’environnement marin ; l’enseignement et la formation maritime ; l’administration de la sécurité maritime ; la gestion des ports ; la gestion des transports maritimes. Il est possible d’accomplir un semestre d’études dans les annexes de Shanghai et Dalian, ouverts en 2012.

Depuis 1983 cette université a formé 4 354 étudiants originaires de 166 pays. Ces étudiants devenus les cadres de l’économie maritime dans le monde forment un réseau international marqué par un esprit d’ouverture et d’échanges d’idées qui diffuse dans le monde entier les objectifs de l’OMI sur des navires plus sûrs, des océans plus propres et une industrie maritime plus performante.

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