Voyages d'étude et visites

Grèce

C&M 2 2009-2010

Du 14-03-2010 au 21-03-2010

Si la dette de la Grèce a mis l’Europe a rude épreuve, si les grèves perlent à chaque nouvelle mesure restrictive prise par le gouvernement, l’Académie de marine a été bénie des dieux grecs, son voyage n’ayant pas été affecté par la grogne populaire.

Athènes, ville de légende, capitale de la Grèce depuis 1834, et renommée pour son passé glorieux pendant l’antiquité, accueille l’Académie telle une déesse. C’est ainsi que la Compagnie remonte aux temps antiques lors de sa visite du nouveau musée de l’Acropole, un chef d’œuvre architectural, mais aussi financier par son coût de 129 millions d’euros. Un rapide tour panoramique de la capitale nous donne l’occasion d’assister à la relève de la garde présidentielle, les evzones, avec leur fustanelle, jupe aux 400 plis rappelant les 400 ans d’occupation ottomane, et leurs souliers rouges à pompon, d’apercevoir les stades, dont celui de Panathinaïkos d’où part la flamme olympique et qui accueillit les jeux olympiques de 1896, jusqu’aux plus récents conçus pour les jeux de 2004 par l’architecte espagnol Santiago Calatrava, de découvrir l’Acropole ainsi que le très en vogue quartier de Plaka. Le tour se termine par le port du Pirée, troisième port de la Méditerranée. Ce port a la plus grand marine marchande du monde en termes de tonnage et également une flotte importante de ferries.

Le séjour de l’Académie de marine à Athènes se termine par une réception chez l’ambassadeur de France, Son Excellence M. Christophe Farnaud qui nous a donné une très intéressante vision du pays. Avec 11,5 millions d’habitants et environ 3 % du PIB de l’Union européenne, la Grèce détient la première marine marchande du monde, le shipping demeurant, avec le tourisme, sa principale source de richesse. Premier pays de la Méditerranée orientale pour l’Union, la Grèce est aussi, par sa situation et sa sensibilité, un pays balkanique très soucieux de sa défense, ce qui se traduit par exemple par des discussions en cours pour l’acquisition de frégates FREMM. En dépit d’un antagonisme ancien, la Grèce soutient l’entrée de la Turquie dans l’Union européenne. Le choix européen, traditionnel depuis l’indépendance, est irréversible et s’est concrétisé en I980 quand la Grèce a rejoint « notre » Europe. Le pays doit faire face à deux défis : la faible natalité et la vulnérabilité de l’économie. Les entreprises françaises opérant en Grèce sont au nombre de cent trente avec un effectif de trente mille salariés. Parmi les problèmes qui demeurent, celui de Chypre reste sensible cependant que l’immigration irrégulière, dont la Grèce est la première porte d’entrée en Europe, est un autre sujet de préoccupation. Les immigrants venant de Turquie ne sont pas vraiment turcs mais plutôt kurdes, afghans, pakistanais et même africains. Les Grecs souhaitent une politique migratoire commune. FRONTEX est en cours de mise en place.

La Grèce vit en ce moment une période certainement très difficile avec chômage élevé, pas d’allocations familiales entraînant une dénatalité alarmante, les écoles ferment, les professeurs sont au chômage, même le tourisme souffre. La Compagnie s’envole pour la Crète.

La Crète, cinquième île de la Méditerranée par sa superficie, située entre mer crétoise et mer de Libye, longue de 250 km et ceinte de 1 046 km de côtes, recèle quantité de beautés insoupçonnables, nichées entre mer et montagnes, où faune et flore cohabitent en parfaite harmonie. Au début du XXème siècle, Arthur Evans découvre en Crète, à Knossos, les restes d’une civilisation oubliée depuis trois mille ans, les Minoens. Ses fouilles, comme plus tard celles de la délégation italienne à Phaestos, permettent de mettre à jour un palais somptueux comportant notamment demeure royale, sanctuaire, puits de lumière, cour centrale, magasins, aqueducs, système d’eau courante et d’évacuation des eaux usées. Quelques superbes jarres, vestiges de cette époque, trônent ici et là, intemporelles. La complexité du plan du palais de Knossos est sans doute à l’origine de la légende du labyrinthe de Minos.

Iraklion ou Herakleio, ville mythologique où Hercule aurait débarqué pour accomplir une partie de ses douze travaux, ville de conquêtes vénitiennes et ottomanes, indépendante en 1898, rattachée à l’Etat hellénique en 1913, aujourd’hui ville moderne de 200 000 habitants, nous livre ses trésors : riches musées, l’église de Saint-Titos (patron de la Crète), les fontaines vénitiennes de Bembo et de Morosini, les portes des remparts de La Canée et de Jésus, la Loggia des Vénitiens, la basilique San-Marco et la cathédrale Agios Minas sans oublier le marché populaire, qui rappelle les souks de l’époque ottomane. La forteresse de Koulès, magnifique bastion vénitien modifié par les Ottomans, remis en état avec soin, garde depuis des lustres l’entrée du port, protégeant ainsi la ville de l’envahisseur. La forteresse servait aussi de réserves de vivres et de munitions pour les militaires.

Nous retrouvons à Souda l’attaché de défense à Athènes, le colonel Gérard Gailhouste pour la visite de la base navale et de l’OTAN. Le site crétois de Souda constitue un abri maritime remarquable dont l’entrée, défendue par deux forts, donne accès à une rade où la Marine grecque est installée depuis 1920 avec une dimension actuelle qui doit s’apprécier dans le cadre de l’OTAN. La situation de cette implantation est intéressante car il s’agit de la base de l’Alliance la plus proche du canal de Suez et donc de la zone de la mer Rouge et de l’océan Indien où se sont multipliées récemment les opérations. L’Académie de marine y est accueillie par l’unité de soutien logistique avancé dont le professionnalisme est attesté par le nombre de visites annuelles de plus de 400 bâtiments. Le site est protégé par une défense anti-aérienne conventionnelle et comporte un hôpital et des possibilités d’hébergement importantes. Il y a également une école de la marine marchande. Après avoir longé la baie, la Compagnie est reçue au NMIOTC (NATO Maritime Interdiction Operational Training Center) commandé par un amiral grec secondé par un capitaine de vaisseau turc. Son rôle s’explique par le terme anglais « interdiction » signifiant que certaines activités sont interdites dans l’espace océanique et qu’il convient de s’y opposer en commençant par s’y préparer. Le centre, fondé en octobre 2008, prépare les stagiaires à des actions adaptées qui peuvent être militaires mais dont la visibilité doit être la plus faible possible. La formation (training) concerne d’abord la surveillance aérienne, de surface ou sous-marine, pour des opérations sous tous leurs aspects, y compris juridiques. Les observations des participants venus de neuf pays différents sont prises en compte de façon à produire des analyses et même des recommandations. La compétence du centre est ainsi déjà reconnue.

La Crète nous offre d’autres sites et lieux mythiques avec pour toile de fond les monts enneigés de Lefka Ori, Chania première capitale de la Crète, puis Gortyne, site très intéressant et l’une des villes les plus anciennes de la Crète, située sur les bords du fleuve Léthé, au pied du mont Ida. Elle fut la capitale de l’île à l’époque romaine et pendant la première période byzantine. Outre les temples dédiés à Apollon et Artémis se trouve le mur de l’Odéon sur lequel sont gravées les lois de la ville en dialecte dorien. Il s’agit du fameux Code ou Lois de Gortyne, datées de la fin du VIème siècle avant J.-C. Plus loin les vestiges de la basilique d’Agios Titos avant d’atteindre le site de Phaestos bâti sur une colline qui domine la vallée de Kato Messara, et dominé par les monts Ida et Asteroussia, Il possédait deux ports, Matala et Kommos. Phaestos est construit d’après les mêmes principes architecturaux que Knossos. Sans oublier le fameux disque de Phaestos découvert vers 1650 av. J.-C. sur lequel sont gravés quelque 210 signes pictographiques.

Troisième ville de Crète après Héraklion et La Canée, Réthymnon, pittoresque localité historique et patrie de Zeus, blottie entre mer et montagnes, est une ville de lettrés, dont l’aura demeure encore aujourd’hui. Elle possède une importante faculté de Lettres et de Philosophie. Lieu de débats mais aussi de musique, tandis que les lyres crétoises s’animent l’hiver et pendant le carnaval, le Festival de la Renaissance redonne vie pendant l’été à la forteresse, la Fotetsa. De l’époque vénitienne, Réthymnon a conservé le port, ainsi que la citadelle, bâtie par l’architecte Sforza Palaviccini, dominant la vieille ville qui nous livre ses charmes multiculturels, églises byzantines et vénitiennes côtoyant des minarets, passages voûtés, maisons à encorbellements en bois, la fontaine Rimondi avec ses trois gorgones, portes en bois, l’église Agios Frangiskos, l’église Notre-Dame des Anges, la Métropole, cathédrale orthodoxe.
En route pour le monastère d’Arkadi, symbole sacré de la liberté des Crétois. D’époque byzantine, construit par un moine nommé Arkadios, il est situé sur un plateau fertile, embrassant un vaste panorama dominé par les sommets enneigés et bordé par la mer. Son emplacement, difficile d’accès, et son aspect de forteresse en ont fait un des hauts lieux de la résistance crétoise. Son église à deux nefs est consacrée à Saint Constantin.

Le séjour de l’Académie de marine s’achève par un dîner avec le consul honoraire de France à Héraklion, Mme Sophie Tsandiraki. Jeune avocate, elle fut sollicitée en 1992 par l’ambassade de France à Athènes pour occuper ces fonctions, en raison du grand nombre de couples mixtes en Crète et du flux de visiteurs français, les plus nombreux parmi les touristes étrangers. Proche de l’épouse de l’actuel ambassadeur, elle-même avocate et diplomate, elle nous reparle des difficultés économiques de la Grèce et nous décrit la décadence du système scolaire grec, notamment pour les moins favorisés. Mme Tsandiraki assure la visite des bâtiments français et de la base navale de Souda. L’aéroport d’Héraklion étant saturé, la Crète, nous dit-elle, a le projet d’en construire un nouveau sur une ancienne base militaire située près de La Canée, afin de faire face au tourisme toujours grandissant.

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