Conférences

L’acquisition sismique marine

Jean-Georges Malcor
Président-directeur général de la Compagnie générale de géophysique (CGG)

Le 27-01-2016

Jean Pépin-Lehalleur, président de la section Sciences et techniques, présente le conférencier de ce jour, M. Jean-Georges Malcor, ancien directeur général adjoint de Thales et maintenant président-directeur général de la Compagnie générale de géophysique (CGG).

La CGG, fondée en 1931 par Conrad Schlumberger, est devenue en quatre-vingt ans le leader mondial de la sismique puis des géosciences ; elle fournit à ses clients une connaissance approfondie du sous-sol et de ses ressources naturelles. En 2007 elle a fusionnée avec Veritas DGC pour former CGG Veritas puis, en 2012 elle a fait l’acquisition de Fugro Géosciences et changé son nom en CGG.

Elle a 50 sites dans le monde, emploie 7 000 salariés, dont 500 en recherche et développement, et dispose de 30 centres d’imagerie.

Ses activités sont de trois ordres : 1. Leader en technique, elle dispose d’une gamme complète d’équipements, tant terrestres que marins et de travail dans les puits. 2. Pour l’acquisition des données elle maîtrise la totalité des méthodes sismiques et géophysiques en mer, sur terre et dans les airs. 3. Pour l’exploitation des mêmes données elle possède un ensemble complet de services et de solutions en géologie, traitement des signaux et imagerie, ingénierie de réservoir, jusqu’à des programmes multi-clients.

Son objet est de « révéler les secrets de la terre », en l’occurrence les ressources naturelles, et d’en préparer l’exploitation. Ainsi, pour les produits pétroliers, on distingue quatre phases. D’abord une période d’exploration d’une durée d’un à cinq ans pendant laquelle on recherche les sites favorables, puis on précise les structures géologiques par acquisition sismique et enfin, si les premiers résultats sont favorables, à une exploration avec un premier puits de forage. Dans une seconde phase d’une durée d’un à trois ans on procède à une évaluation du champ et de son exploitation. Vient ensuite la préparation du plan de développement, durant quatre à huit ans. Enfin, au bout d’une dizaine à une quinzaine d’années, la mise en production, pour une durée de 20 à 60 ans, avec le forage d’autres puits.

Le principe sismique est la transmission d’ondes acoustiques émises dans le sous-sol ; les ondes sont reflétées différemment par les couches géologiques, permettant d’obtenir sur un récepteur une image synthétique des structures et de reconnaître la présence d’hydrocarbures, d’eau fossile ou de CO². En mer le dispositif est spectaculaire avec des canons à air émettant de grosses bulles ou ondes acoustiques et douze lignes de flûtes de récepteurs, espacées chacune de 100 m sur 8 km de long, soit près de 9 km², et tractées sous la surface de l’eau. La navigation des flûtes est guidée comme celle d’un avion dans les trois axes de l’espace par des ailes et des dérives, et les déports des lignes sont évités par des paravents disposés sur chaque bord du bateau sismique. Le coût de ces navires sismiques est très élevé, soit 200 M$ pour la coque et 60 M$ pour l’équipement ; l’heure d’indisponibilité revient à une somme de 10 000 à 20 000 $ soit le prix d’une petite voiture !

Pour obtenir une image compréhensible du sous-sol il faut ensuite procéder au traitement des données. Celui-ci demande une grande puissance de calcul dans un centre comportant environ six millions d’unités installées (c’est le onzième du monde en importance) et travaillant tous les jours pendant toute l’année. Il faut aussi une capacité considérable de stockage des données et un accès rapide à l’information, généralement possible par le passage de la cartouche magnétique manipulée par des robots à l’enregistrement sur des disques de large capacité. On obtient ainsi des images dont la définition est de plus en plus précise.

Ces représentations permettent une connaissance très fine des structures géologiques. Elles permettent de voir le relief et le paysage tel qu’il était avant la couverture sédimentaire contemporaine.

En conclusion, M. Malcor insiste sur le respect des principes auxquels la Compagnie générale de géophysique est très attachée avec un niveau élevé de protection de la santé, de la sécurité et de l’environnement, tant pour le personnel que pour les populations locales. Le niveau d’exigence demandé aux opérateurs est supérieur à celui qui est défini par la réglementation. Il faut « ne laisser que des bons souvenirs » dans les pays dans lesquels opère la CGG. L’entreprise est en outre membre du Pacte mondial des Nations-Unies.


Discussion :

J.-M. Van Huffel. L’acquisition des données est-elle possible avec des drones sous-marins ? J.-G. M. Il y a trois techniques d’acquisition : 1. Par bateau, comme exposé. 2. Par des « nœuds marins » électroniques géophones, placés au fond des océans ou autopropulsés et toujours sans antennes. 3. Par des hydrophones autopropulsés et munis d’antennes, placés entre deux eaux (c’est aussi une solution pour la détection dans la guerre des mines).

D. Bourgeois (invité permanent). Ces navires hyperspécialisés peuvent-ils recevoir une autre utilisation ? J.-G. M. Lorsqu’ils sont au port, on retire tout ce qui est mobile et on entretient le reste, mais il faut les immobiliser le moins longtemps possible.

C&M 2 2015-2016

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