Conférences

Les négociations préparatoires au Traité de Paris (1763) : prélude à une mutation du monde atlantique

Raymonde Litalien
Membre de la section Histoire, lettres et arts

Le 20-03-2013

Représentante des archives publiques du Canada en France, puis vice-présidente de la Société française d’histoire maritime, Mme Raymonde Litalien évoque le traité de Paris de 1763. Ce sont deux étapes de la « seconde guerre de Cent Ans » menée jusqu’en 1815 par l’Angleterre pour la suprématie coloniale, maritime et commerciale en Europe et dans le monde, particulièrement en Amérique du Nord. Elle évoque l’évolution des relations entre Français et Britanniques dans cette région du monde depuis la paix de 1713 jusqu’à la reprise des hostilités en 1756. La guerre de Succession d’Autriche de 1744 à 1748 est l’occasion d’un affrontement armé entre Anglais et Français mais celui-ci se termine par un retour au statu quo ante. La difficulté de la reconnaissance des limites des possessions entre les deux nations, posée depuis 1713, n’est pas réglée ; il en est de même pour le statut des habitants de l’Acadie, d’origine française mais placés sous l’autorité du roi d’Angleterre.

A partir de 1754 des incidents répétés, tant dans la vallée de l’Ohio que dans la péninsule de l’Acadie, amènent une nouvelle déclaration de guerre. Québec capitule en 1759 et Montréal en 1760. Des négociations de paix sont engagées à partir de 1761. En Amérique du Nord les diplomates français tiennent par-dessus tout à conserver le droit de pêche au large de Terre-Neuve car cette activité est la principale école de formation des matelots au commerce et permet de nourrir la population de la métropole à faible coût. L’opinion française est divisée. Le traité de Paris du 10 février 1763 met fin au conflit. La France cède le Canada et la partie de la Louisiane située sur la rive gauche du Mississipi (la rive droite est donnée à l’Espagne, pour compenser la perte de la Floride) ; elle conserve ses possessions antillaises et reçoit les îles de Saint-Pierre et Miquelon « pour servir d’abri aux pêcheurs ». Les habitants du Canada restent propriétaires de leurs biens et ils peuvent s’ils le souhaitent quitter librement le pays dans un délai de dix-huit mois en vendant ceux-ci à des sujets britanniques. Les lois et coutumes françaises sont conservées et la liberté de culte est assurée.

Une dizaine d’années plus tard les treize colonies emportent l’indépendance, avec l’appui de la France, au terme d’une longue guerre, mais le Canada demeure sous l’autorité de la couronne britannique. En 1812 les Etats-Unis tentent vainement de faire la conquête du pays ; les Anglais, souvent descendants de « Loyalistes » américains restés fidèles à la monarchie, s’y opposent, et les Français, toujours majoritaires, refusent d’entrer dans un vaste ensemble anglo-saxon. En 1814, un traité international fixe la frontière entre le Canada et les Etats-Unis.

Ainsi, contrairement aux espoirs de Choiseul, l’indépendance des Etats-Unis n’a pas affecté la puissance britannique, mais la population canadienne française, obligée de rester sur un territoire devenu anglais, n’a jamais apporté son adhésion totale à ce gouvernement.

C&M 2012-2013 n° 2

  Retour  

Copyright © 2011 Académie de marine. Tous droits réservés.